Le film culte de tous les traders est avant tout un des meilleurs films du réalisateur Oliver Stone (derrière JFK) et très certainement le rôle le plus marquant de Michael Douglas. L’acteur ne tient pourtant pas le 1er rôle du film, Charlie Sheen (parfait en golden boy dévoré d’ambition) étant le personnage principal de "Wall Street" et le référent du public qui découvre, en même temps que lui, les dessous de la Bourse américaine avec son stress, ses magouilles, ses trahisons, ses délits d’initiés... Son histoire reste cependant assez classique (des débuts modestes suivis d’une ascension fulgurante et s’achevant par une chute inexorable) même si elle est agrémentée de quelques sous-intrigues qui enrichisse le personnage (sa complicité avec son collègue, sa relation avec son père, sa love story...). C’est sans doute une des raisons qui ont amené le spectateur à se prendre de passion pour le personnage du "méchant" Gordon Gekko, magnat de la Bourse, cheveux gominés et costumes de marque, adepte de la petite phrase assassine ("Déjeuner, c’est pour les faignants", "C’est un tocard, s’il s’occupait de pompes funèbres, plus personne ne mourrait", "Si tu veux un ami, achète toi un chien"...) mais surtout parfaite représentation du capitalisme sauvage et des années fric. L’interprétation de Michael Douglas magnifie ce personnage dont on ressent, au détour de certaines scènes, les fêlures profondes et le besoin irrépressible d’impressionner son monde. Le personnage a des excuses mais ne sa cache pas derrière, ce qui fait toute sa complexité. Son charisme et son assurance ont finit d’en faire un personnage culte. Mais Wall Street ne se résume pas seulement à Gordon Gekko. En effet, Olivers Stone a réussi à rendre accessible à tous le système ô combien obscur des marchés boursiers et permet ainsi aux spectateurs de suivre l’intrigue sans problème, aidé en cela par une mise en scène rythmée et une BO typiquement 80’s. Le reste du casting est au niveau de l’évènement avec la starlette en vogue de l’époque Daryl Hannah en petite amie fantasme, le formidable Martin Sheen en père syndicaliste (une des nombreuses grandes idées du film cristallisée par la bouleversante scène de la chambre d’hôpital), Terence Stamp en classieux rival, John C. McGinley en amusant collègue, James Spader en avocat, Hal Holbrook en vieux briscard de la Bourse ou encore Sean Young en épouse entretenue. Bref, ce n’est pas par hasard que Wall Street est devenu un classique du genre et, en tout état de cause, une petite merveille sur l’ambition et ses excès.