Steven Soderbergh s'est inspiré d’un événement survenu à lui et sa femme dans leur maison de Los Angeles. Le couple savait que quelqu'un était mort dans cette demeure avant leur emménagement : la rumeur raconte qu'une fille y avait tué sa mère. Néanmoins, le réalisateur ne s'est jamais senti menacé ou effrayé.
Jusqu'au jour où un incident lui a inspiré Presence : "Un soir, la “house sitter” regardait la télé. Il y a un long couloir qui mène à la chambre, et cette personne a senti une sorte de présence, a levé les yeux et a vu la silhouette d’une femme traverser le bout du couloir pour entrer dans la chambre. La gardienne a instinctivement crié le nom de Jules [la femme de Soderbergh, NDLR], avant de réaliser qu’elle n’était pas là. Quand elles se sont parlées au téléphone, Jules lui a dit pour la rumeur. Et la “house sitter” a répondu : “C’est quoi ce bordel ? Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ?”"
David Koepp a écrit le scénario de Presence à la demande de Steven Soderbergh. Réalisateur entre autres d'Hypnose et Fenêtre secrète, Koepp officie aussi en tant que scénariste et a écrit La Mort vous va si bien, Jurassic Park, L'Impasse, Mission: impossible et Panic Room.
Il a été d'emblée emballé par la proposition de Soderbergh : "Tout se passe au même endroit. Des choses étranges se produisent. Une famille commence à se désagréger. Cela concentre toutes mes obsessions personnelles. Il y avait un choix esthétique très fort qui guidait l’ensemble. Ce que j’ai trouvé formidable. J’adore les restrictions."
Dès l'écriture du scénario, Steven Soderbergh a eu l'idée de la caméra subjective, racontant le film à travers le point de vue du fantôme. Un parti pris original qui cependant inquiétait le réalisateur : "c’était ma conviction absolue - et je l’ai déclaré publiquement - que les films narratifs en pur POV ne fonctionnent pas ! Et que la raison pour laquelle la VR ne sera jamais une option narrative viable est qu’on a le désir primaire de voir ce qui se passe du côté inverse. On veut voir la réaction du personnage dont on épouse le point de vue. Si on ne peut pas voir ce que le personnage ressent émotionnellement, il n’y a pas de film. Mais là, je suis littéralement en train de démolir la structure que j’ai construite. Et ma seule justification est la suivante : ici, si vous pouviez voir le côté inverse… il n’y aurait rien à voir."
"Ce qui est important pour le film, c’est que les personnages ont une obsession permanente pour l’assimilation. C’est pourquoi la dynamique familiale est si complexe et si potentiellement autodestructrice", souligne le réalisateur. Ainsi, choisir le bon casting était capital. Lucy Liu a été la première comédienne à être castée, les autres acteurs ont été choisis à partir d'elle. Steven Soderbergh a demandé à la directrice de casting Carmen Cuba d'interroger les acteurs sur leur vie, leurs origines et leur famille. Il précise : "Souvent, je vois quelque chose de vraiment convaincant, et si j’ai plus d’informations, nous pouvons re-calibrer le rôle pour amplifier cette composante. Parce qu’il faut avoir envie de regarder ces gens - vous allez être dans la maison avec eux".
Outre le poste de réalisateur, Steven Soderbergh est également directeur de la photographie sous le pseudonyme de Peter Andrews, et monteur sous le nom de Mary Ann Bernard. Une habitude que le cinéaste a depuis des années.