Ce film est présenté au Cinéma de la plage lors du dernier Festival de Cannes ainsi qu'en sélection officielle lors du Festival du film d'animation d'Annecy, août 2024.
Très tôt, Jean-François Laguionie a souhaité associer le destin du navigateur Joshua Slocum à sa propre histoire, celle d’un "voyage immobile", comme il le raconte : "Il ne s’agissait pas seulement de donner au film de grands espaces maritimes face au huis clos du jardin, mais de bien donner sa place au bateau en construction. De révéler son véritable rôle. Il ne navigue pas, donc il doit avoir d’autres choses à nous dire…". Il signe ainsi, à 84 ans, son premier film autobiographique.
Dans Slocum et moi, le personnage de François se passionne pour Joshua Slocum, un navigateur du XIXe siècle qui a parcouru 46.000 milles à bord de son bateau. Les dessins du film le représentant s’inspirent directement de ses photos.
Si Slocum et moi représente une famille (re)composée avec un père, une mère et un enfant, le bateau en construction dans le jardin est montré comme un personnage à part entière. Il s’agit d’un ketch de 8m50, réplique d’un bateau mythique : le Spray. Il a été porté à l’écran grâce au journal de bord de Joshua Slocum, dont s’est inspiré l'un des dessinateurs du film, Yvon Le Corr.
Le pont de Nogent et les bords de Marne en 1950 sont représentés dans le film.
L’action du film se déroule dans les années 1950, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Jean-François Laguionie a vraiment souhaité rendre compte de cette époque en montrant des guinguettes où l’on jouait de la guitare jazz, les magazines d'antan et les cinémas où étaient projetés des films de Duvivier ou Prévert.
Si les longs-métrages d’animation demandent souvent aux réalisateurs de choisir un camp entre l’animation pour adultes et l'animation pour enfant, Jean-François Laguionie n’a pas souhaité être aussi binaire. Il a ainsi voulu s’adresser au plus grand nombre à travers une charte graphique particulière : un style neutre, des demi-teintes, un montage cinématographique et une une place importante accordée aux voix et à la musique.
Ce n’est pas la première fois que Jean-François Laguionie et Anik Le Ray travaillent ensemble puisque Slocum et moi signe leur cinquième collaboration. Il retrouve également sur ce film le compositeur Pascal Le Pennec, déjà à l'origine des musiques du Tableau (2011) et de Louise en hiver (2016). Enfin, il collabore de nouveau avec JPL films et Mélusine, avec qui il avait conçu Louise en Hiver.
S’il a bénéficié de l’aide du Studio 352, Jean-François Laguionie a créé lui-même tous décors, les accessoires et bien sûr les personnages — même les figurants — en s’inspirant des photographes comme Robert Doisneau ou des réalisateurs comme Marcel Carné et Julien Duvivier.
Comme pour Louise en Hiver, Jean-François Laguionie s’est entouré de l’équipe de JPL Films et de Mélusine et a travaillé de la même manière, à savoir conserver le trait du crayon sur le papier pour amoindrir l’aspect artificiel de la 3D. Cela permet ainsi de privilégier l’ombre et la lumière à la couleur.
Pour la première fois de sa carrière, le cinéaste a travaillé sur l’écriture définitive de la musique, de sorte qu’il a pu monter l’image et le texte off avec plus de précisions.
Composée par Pascal Le Pennec, la musique a été enregistrée par l’orchestre symphonique de Bretagne. Plus largement, Slocum et moi est une oeuvre bretonne, puisqu’elle est produite par JPL Films Rennes, la scénariste Anik Le Ray et le compositeur Pascal Le Pennec sont Bretons et la musique est interprétée par l’Orchestre National de Bretagne.
Selon les producteurs Camille Raulo et Jean-François Bigot, Slocum et moi est une sorte de "prolongement" de Louise en Hiver, et construit presque comme un "diptyque", comme ils le confient :
" Pour nous, producteurs, les sujets de ces deux longs-métrages se regardent et se complètent l’un l’autre et constituent un évident diptyque. Secrètement et sans que l’auteur le sache, on peut susurrer que si Louise en hiver s’inspire de la mère, Slocum et moi, lui, s’inspire du père."
Gregory Gadebois prête sa voix à la fois au personnage de Pierre, mais aussi à celui de Jean.