L’art du léger
Moi, Bruno Podalydès me régale depuis son tout 1er film, Versailles Rive-Gauche, soit depuis 1994… 30 ans, une paille ! Et encore une fois, ces nouvelles 96 minutes inspirées, légères et bourrées de cet humour nonchalant qui reste décidément sa marque de fabrique, m’ont transporté. Justine, son mari et toute leur bande d'amis trouvent une solution pour résoudre leurs problèmes d'argent : organiser une fausse croisière romantique pour Franck, un gros investisseur, qui cherche à séduire une femme. On ne rit pas aux éclats, non, mais on a un perpétuel sourire aux coins des lèvres et on aimerait tant embarquer plus longtemps à bord en compagnie de cette fine équipe d’arnaqueurs plus maladroits que méchants.
Tout en finesse avec une poésie de chaque instant, voilà résumé le cinéma de Bruno Podalydès. Ajouter à cela, un sens de la dérision et son amour pour les acteurs et les actrices qu’il adore faire jouer comme une véritable troupe. Une écriture ciselée, des idées visuelles, des accessoires foldingues, et on embarque pour cette croisière de l’arnaque. Rien de sérieux dans tout cela, on nous le fait bien sentir, mais une joie communicative à participer à ce huis-clos en plein air, celui du canal du Nivernais joliment photographié. Certes, le rythme n’est pas trépidant, mais s’accommode des 9 km/h autorisés sur nos canaux, balisés par les incessants passages d’écluses, qui, ici, sont l’occasion d’autant de gags. De la comédie buissonnière aux doux airs de vacances. Délicieux cocktail de tendresse et de loufoquerie.
Daniel Auteuil, le petit nouveau de la bande à « Poda », apporte cette finesse nécessaire qui lui évite de camper un gros dragueur blasé et suffisant. Quant à la troupe de Pieds Nickelés qui l’entoure avec Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès, le réalisateur lui-même, Florence Muller, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, c’est un régal. Un petit monde joyeux qui s’amuse et nous amuse. Un instant de grâce tellement rare dans le cinéma d’aujourd’hui avec des faux airs de l’inoubliable To Be or not to Be d’Ernst Lubitsch