Face à la mort, le mieux était encore de vivre ?
Depuis radioactive en 2019, Marjane Satrapi, la franco-iranienne rendue célèbre par sa BD et son film Persépolis, n’était pas revenue derrière la caméra. Elle s’essaie ici, pendant 110 minutes, à l’exercice casse-gueule du film choral. Ex-star de l’opéra, Giovanna fulmine : alors qu’elle a été déclarée morte par erreur, les hommages de la presse tardent à venir. Mike, cascadeur anglais, peut-il décemment trembler devant la mort alors qu’il la défie tous les jours ? Fumer tue, mais Dolorès s’en fout : le jour des 15 ans de sa petite-fille, elle passe unilatéralement un pacte avec Dieu. Alors qu’elle essaie de se suicider, Marie-Cerise, ado harcelée, humiliée et déprimée, est kidnappée et va tout naturellement faire de son ravisseur son psy. Edouard, bien qu’il présente depuis des années une célèbre émission criminelle à la télé, accuse le coup quand sa mortalité se rappelle à lui. Dans les rues vivantes et cosmopolites de Paris, ces destins s’entremêlent et se répondent, connectés les uns aux autres par des figures universelles du quotidien : une femme de ménage, un flic, un cafetier. Beaucoup d’histoires qui s’entremêlent avec plus ou moins de bonheur, mais toutes reliées, - parfois artificiellement – au thème universel de la vie et de la mort. Artificiel ! Le reproche principal est identifié. Ce n’est pas sans intérêt, mais souvent confus, malgré l’humour noir et la prestation d’un casting +++
Même si le tragique est souvent tourné en dérision, même si l’ode à la vie est touchante et réjouissante, même si l’amour de la réalisatrice pour la Ville Lumière est évident, cette mosaïque pèche, paradoxalement, par son trop plein d’idées et l’inégalité d’intérêt entre les différents personnages, – un défaut récurrent pour les films choral -. Heureusement la note d’espoir permanente flotte sur tout le film, car, honnêtement, il ne se passe pas grand-chose à l’écran, dans de jolis décors où s’agitent mollement d’excellents comédiens qui débitent – par fois mollement – des dialogues très élégants. Je vous l’ai dit : artificiel !
C’est sûr, quand on accumule à l’affiche les noms de Rossi de Palma, André Dussolier, Eduardo Noriega, Ben Aldridge, Monica Bellucci, Roschdy Zem, Alex Lutz, ça donne envie. Ils font le boulot avec le talent qu’on leur connaît – en particulier la belle Monica dans un rôle à contre-emploi qu’elle assume parfaitement -. Le tout baigne dans une sorte de philosophie de comptoir, peut-être réjouissante, mais surtout un peu fadasse. La dessinatrice est tenante de ce qu’on appelle en BD « la ligne claire », mais dans son film, le moins qu’on puisse dire, c’est que nettement moins évident.