Ah que ce film va diviser mais ah que j'ai aimé !! Heretic nous plonge (littéralement) dans l'horreur que renferme la maison du mystérieux et envoûtant Mr Reed campé par le brillant Hugh Grant. Pour donner un avis rapide, j'ai beaucoup aimé ce film, les acteurs sont tous excellents, la mise en scène est impeccable, le sujet principal de ce film est, selon moi, bien traité (je prends des pincettes vu ce que c'est un sujet clivant :
les religions
) J'ai apprécié les petites références dissimulées par ci par là. On peut rapidement faire un lien assez évident avec le roman "la maison des feuilles" (mon livre préféré) où il est également sujet d'une
maison labyrinthique
. Le film est un huis clos (c'est important de le savoir) et va nous oppresser peu à peu grâce à un Hugh Grant terrifiant malgré ses airs rassurants et bienveillants. Le film s'amuse à nous rendre mal à l'aise grâce à des détails illogiques et inquiétants. Un exemple
: lorsqu'Elder Kennedy (joué par Topher Grace) va se rendre au domicile de Mr Reed pour l'interroger sur la disparition de Paxton et Barnes, il va le confronter une première fois avant de repartir...À ce moment on se dit "mais comment il n'a pas remarqué les 2 vélos attachés à l'entrée du portail ?" Du coup, au moment où il va revenir, on se dit "ça y est, il est au courant!" sauf qu'en fait on apprendra que Mr Reed avait pris le soin de les retirer pour n'éveiller aucun soupçon. La mise en scène va volontairement omettre de nous montrer le portail lors de la première visite, histoire d'installer une tension supplémentaire au moment de la seconde visite
C'est un exemple mais le film est truffé de détails de ce genre histoire de mettre le spectateur dans une position d'inconfort constante. Pour parler rapidement de quelques défauts, j'ai trouvé que le film était parfois trop explicatif. Heretic (surtout la première partie) est très bavard et parfois pour rien. On aurait aussi aimé qu'il aille encore plus dans son concept
(notamment sur le côté maison labyrinthique qui est finalement pas si complexe que ça...)
En revanche là où le film excelle et m'a captivé, c'est dans ses messages. Comme dit plus haut, la thématique principale est
la religion
. Alors oui c'est un sujet très sensible (et il pourra en déranger certains vu la critique que fait Mr Reed) mais le propos de ce film et le jeu sadique du personnage joué par Hugh Grant est assez fascinant à suivre. La tension monte progressivement, rendant encore plus impactant le moment où le film va basculer...
(Mr Reed va critiquer ouvertement les religions et les pratiquants lors d'une scène à la fois jouissive et malaisante. En prenant comme exemple le Monopoly et la chanson "Creep", il va expliquer le concept "d'itérations" que l'on retrouve dans les différentes religions. Cette scène est extrêmement importante pour le message du film puisque l'on comprendra plus tard que sa maison est la matérialisation de ces itérations. Le salon comme premier lieu, la "bibliothèque", la salle faisant office de "sous sol" et un dernier lieu en dessous de ce sous sol. La construction de cette maison est métaphorique puisqu'en s'enfonçant dans cette maison, on s'enfonce dans les enfers. Symbolique renforcée par le tableau qui met en scène le paradis et l'enfer sous forme d'entonnoir. Plus on va s'enfoncer dans cette maison, plus les espaces seront étroits et plus ils seront sombres et horribles. On peut d'ailleurs s'interroger sur le message que veut transmettre Mr Reed...le paradis (à savoir le salon de sa maison) renferme de nombreux signaux inquiétants et qui auraient dû inquiéter les deux jeunes femmes qui ont préféré ignorer ces signaux. Puis l'enfer, avec cette salle horrible où des femmes sont séquestrées et qui va servir de "lieu de révélation" et de prise de conscience pour le personnage de Barnes).
Le film joue donc habillement avec ses propres messages et distille soigneusement bon nombre d'indices afin de nous faire comprendre que la maison de Mr Reed est une métaphore des idées qu'il veut transmettre. Le film se permet même quelques "folies visuelles", je pense à une transition absolument géniale
(on va voir le personnage de Barnes s'enfuir dans cette maison labyrinthique, puis on va voir un plan de cette maison en format maquette avec la jeune femme qui court. Elle va alors apparaitre en arrière-plan, en pénétrant dans cette même salle où se trouve la maquette)
Une idée géniale et parfaitement exécutée!
Pour finir, parlons du final (qui est l'un des passages les plus intéressants selon moi). En effet, on peut interpréter la fin de deux façon différentes
(la première, Barnes a bel et bien assisté à un miracle avec Paxton qui a ressuscité le temps de la sauver -> version "je décide de croire", le miracle a eu lieu avec le papillon comme symbole sur sa main. Ou alors une autre version où elle est malheureusement morte dans ce sous sol, la scène de fin étant une interprétation de son au delà, neige, blanc, paradis, etc. D'où le fait que son téléphone indique toujours "pas de signal" malgré le fait qu'elle soit sortie de la maison et d'où le fait que le papillon disparaisse comme une illusion -> version "je décide ne pas y croire", il n'y a pas eu de miracle malheureusement...cette fin ouverte laisse donc à son tour le choix au spectateur de croire ou ne pas croire, exactement le même choix qui a été proposé aux deux jeunes femmes)
Pour conclure j'ai beaucoup aimé ce film, j'ai adoré analysé chaque détail, chaque message de ce film. Les acteurs sont excellents, le film est efficace. On pourra déplorer des petits défauts, comme un manque de rythme également, mais dans l'ensemble ça reste très bon. La prochaine fois qu'un inconnu vous propose une tarte aux myrtilles...méfiez vous!