Le Québec est à l'honneur au cinéma en ce début d'année 2024, enfin du moins en France puisqu'il est sorti durant l'été 2023 au Canada, avec ce film qui fait pas mal parler de lui, notamment avec ses nombreuses récompenses et ses critiques très positives. Personnellement, je n'attendais pas grand-chose du film, je n'avais d'ailleurs pas vu la bande-annonce, juste lu le synopsis en diagonale mais après un an à parler d'un film de procès ("Anatomie d'une chute", qui reste excellent au demeurant) et de quelques autres (je pense notamment au "Procès Goldman"), j'en avais un peu marre du genre surtout que je n'en suis pas vraiment fan. Mais bref, j'ai finalement été happé dès les premières minutes du film qui s'ouvre dans un tribunal d'un blanc immaculé - en opposition avec les fameuse chambres rouges - dont les murs ne demandent qu'à être salis par les différents propos qui s'y tiennent. Cette scène prend d'ailleurs beaucoup son temps mais parvient à fasciner notamment avec les argumentaires des deux avocats, chacun défendant évidemment son camp. Mais cette fascination vient également des actes de l'accusé qui aurait mis en ligne des vidéos le montrant torturer et tuer des jeunes filles ; vidéos qui sont ensuite mises aux enchères sur le dark web. Eh oui, il y a toujours une fascination morbide pour ce genre de choses, le succès des nombreux documentaires Netflix (qui n'ont d'ailleurs rien inventés puisque les émissions concernant les affaires criminelles et tueurs en série existent depuis longtemps à la télévision) le prouve par exemple. Et ici, le film s'intéresse justement à deux femmes qui sont fascinées par cette affaire, l'une qui est en faveur de son inculpation et l'autre qui pense qu'il est innocent. C'est très intéressant car, à la manière des avocats au début du film, nous avons deux interprétations de cette histoire et on se rend alors compte qu'il est si facile de se laisser manipuler par des mots, des preuves, des accusations et des argumentaires. Néanmoins, je dois bien avouer que je me suis quelques fois ennuyé. En effet, je trouve que le film n'arrive pas à captiver son spectateur sur la durée, étant quelques fois trop flou dans ses intentions. Comme la relation entre les deux femmes qui ne sert pas à grand-chose si ce n'est à cerner un peu plus le personnage principal mais était-ce vraiment nécessaire ? Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié le fait que le film ne tombe pas dans le sensationnalisme avec des effets racoleurs en racontant la violence plutôt qu'en la montrant. Et je pense par exemple aux scènes du tribunal où les faits sont expliqués mais également à la scène durant laquelle les deux femmes regardent les vidéos en question, seuls le son et leur regard suffisent à presque dégouter le spectateur. Car l'imagination est bien-sûr toujours plus forte que les images. Du côté du casting, nous retiendrons surtout Juliette Gariépy au physique aussi mystérieux et froid que son personnage et puis Laurie Babin qui joue également très bien. "Les Chambres rouges" est donc un film particulier, quelques fois envoutant, quelques fois choquant mais également quelques fois un peu ennuyant.