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Fiers R.
98 abonnés
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3,5
Publiée le 12 novembre 2024
Vu en festival à Montréal.
En choisissant de tourner un film pour Arte et sans son comparse de toujours Benoît Délépine, Gustave Kervern garde toujours la même tonalité d’humour presque décalé et si singulier qui caractérise leur duo mais de manière (un peu) plus accessible. En revanche, même en solo, il parvient toujours à nous faire rire avec des sujets sérieux voire même pas drôles du tout à la base. Et c’est une sacrée force et performance. Parce qu’ici, derrière les apparats de la comédie burlesque et de la gaudriole, on nous parle d’abus sur les femmes, de pédophilie et de misogynie pour ce qui concerne les violences sexuelles et de genre mais aussi de licenciement abusif, de propriétaires de parc locatif véreux et du business du profit derrière un EHPAD... Une sacrée pelletée de sujets certes de moins en moins tabous mais plutôt délicats que la folie de Kervern rend humoristiques tout en parvenant à faire justice aux victimes de ces injustices dans cette virée vengeresse iconoclaste.
En somme, avec « Je ne me laisserai plus faire », il donne la parole aux opprimés et brise le silence des victimes sur ces sujets importants et très contemporains tout en leur donnant - avec un humour corrosif - le sentiment et la possibilité de se sentir réhabilités. Et sans que ledit humour ici soit forcément trop noir voire acide (quoiqu’un petit peu par moments), il dynamite gentiment la loi du silence et les iniquités sociales faites aux femmes, aux personnes âgées et aux plus pauvres. Alors bien sûr, tout cela dans un seul film ça fait beaucoup de sujets et de thématiques abordés. On a parfois l’impression d’un catalogue des violences morales, sociales ou physiques faites aux plus faibles mais fondu dans une comédie de la sorte, cela passe plutôt bien. C’est plutôt concernant la progression du scénario un peu foutraque et qui tire à vue que l’on trouvera à redire et de quelques gags qui tombent à plat ou qui sont étirés plus que de raison. Mais c’est le style de Kervern et ça colle relativement bien à l’ambiance générale de ce joyeux bordel. Un peu comme au niveau de la réalisation qui semble volontairement approximative. En tout cas, on rigole bien plus ici que lors de leurs derniers films en duo, que ce soit le raté « I feel good » ou les sympathiques mais qui tournaient vite à court « En même temps » ou « Effacer l’historique ».
Et puis ici quel casting qui s’en donne à cœur joie! Il y a bien sûr leur muse et comparse de toujours Yolande Moreau, dans un rôle de septuagénaire fofolle comme elle sait si bien les jouer. Il y a aussi les habitués qui viennent faire coucou dans des seconds rôles complètement barrés tels que Jonathan Cohen ou Corinne Masiero. Et puis il y a une ribambelle de nouveaux à cet univers qui s’y fondent très bien, que ce soit Laure Calamy, Anna Mouglalis ou Raphaël Quennard. Ce dernier devrait tout de même faire attention à ne pas trop tourner et faire toujours le même type de rôle au risque de lasser. Notons aussi Alison Wheeler excellente de drôlerie en directrice d’EHPAD vénale et adepte du qu’en dira-t-on. Toute cette joyeuse troupe réussit l’exploit de nous faire rire tout en stigmatisant avec force et fracas ces types d’abus, comme une sorte de catharsis psychologique pour les victimes. Bref, non dénuée de défauts, voilà tout de même une comédie intelligente sous ses aspects foufous et peut-être le meilleur film de Kervern depuis un bout.
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