Vivre, Mourir, Renaître est une ode à l'amour, à la mort, à ce qu'il reste après soi. Voici donc l'histoire d'un jeune homme (Théo Christine, après nous avoir déjà scotché dans Vermines, est au moins aussi flamboyant que sur l'affiche, tirée de celle des Nuits Fauves) qui devrait se consacrer à la vie en couple avec sa fiancée (Lou Lampros, déchirante) mais est perturbé par le magnétisme stupéfiant du voisin de palier (Victor Belmondo, d'une sensibilité folle)... Dans une époque où le sida règne, on sait que ce trio va s'embraser (et s'embrasser), vivre intensément engueulades et amours folles, et l'on s'accroche alors à son fauteuil en anticipant une fin dont on sait pertinemment qu'elle va nous briser le cœur. Et la déchirure ne vient pas de là où on l'avait prévu (d'autant plus dure). On a pleuré comme un veau, on ne va même pas essayer de prétendre l'inverse (la salle Debussy du Festival cannois doit se rappeler encore de nos mouchages), et l'on s'est rassuré en voyant que l'équipe du film, présente pour l'AVP, pleurait aussi chaudement lorsque les lumières se sont rallumées. On ne va certainement pas vous gâcher la surprise, mais l'on s'attendait à voir partir un autre personnage du film (et on s'y préparait), puis le film est arrivé par derrière, et nous a mis une balayette. Pourtant, rien ne sent le scénario tire-larmes, calculateur, manipulateur de sentiments à grands renforts de maladie tristement réelle, de ménage qui s'effondre peu à peu, de personnages qu'on adore en une seconde et demi (les acteurs y sont pour tout). Le réalisateur expliquait d'ailleurs qu'il avait chronométré le temps d'écran de chacun des trois personnages, pour qu'ils aient le même temps d'apparition, à parts égales, ce qui est loin d'être une coquetterie, une mise en scène difficile qui ne servirait qu'à faire mousser son réalisateur, mais permet très vite pour le spectateur, sans même s'en rendre compte, de n'arriver à rien quand il se demande qui est le personnage principal de cette histoire, et qui il accepterait "mieux" de voir partir... Le trio en tant qu'entité est le personnage principal, et la violence des sentiments (positifs comme négatifs, l'amour et la colère s'affrontant sans cesse dans un combat jusqu'à la mort, et même au-delà) qui s'y joue est un brasier où l'on se brûle le cœur avec plaisir. La vie, l'amour, la mort, tout n'est qu'un papier d'Arménie qui s'enflamme trop vite pour qu'on puisse en apprécier les fragrances, alors Vivre, Mourir, Renaître nous rappelle qu'il faut prendre le temps de s'embrasser, avant de s'embraser.