Avis sur Demonia

On est assez loin d'un bon Fulci. Il y a beaucoup trop de longueurs sans intérêt qui nuisent au bon déroulement du film. Dommage on aurait pu un bon Fulci.

Demonia n’est malheureusement pas un bien bon Fulci. Le souci se pose déjà lorsqu’on a un scénario qui s’avère beaucoup trop lent pour un film de 85 mn. La première partie est très longue, et passée la scène d’ouverture, ça trainouille, ça trainouille, avec d’interminables séances de guitare autour du feu de bois notamment. La deuxième partie décolle, certes, mais elle est encombrée par une enquête mal bigornée qui n’est pas crédible et fait même perdre beaucoup de temps pour ce qu’on était d’abord venu voir, à savoir un film d’horreur avec des morts, du satanisme, et une ambiance lourde. L’histoire, plutôt banale en réalité, patine trop souvent, et malgré une méchanceté où l’on retrouve le vrai Fulci dans la dernière partie, elle n’a pas la poésie macabre qu’il a parfois réussi à insuffler dans d’autres de ses films.
Faut dire que le casting est particulièrement mauvais. Fulci ne s’est jamais très bien entouré de ce point de vue, sa direction d’acteurs a toujours été aléatoire et ses personnages ont également souvent été écrits à la truelle, mais ici, on est dans le fond du seau. Et le pire, c’est que Fulci lui-même y est pour quelque chose, vu qu’il joue le rôle de l’enquêteur. Personnage assez inutile qu’il campe avec une timidité décevante et pour lequel il est en plus clairement trop vieux. Il fait petit papi. Pour le reste vraiment il n’y a rien à retenir, et on a même le sentiment d’avoir vu tous les personnages en mieux ailleurs dans le cinéma de Fulci.
Formellement, je salue quand même de beaux décors et quelques ambiances gothiques (notamment avec la crypte) qui font leur effet. La photographie, trop claire, nuit clairement à la beauté des noirs et des contrastes, mais c’est plus lié à la qualité douteuse du support ! Franchement, visuellement il y a quand même de belles fulgurances fulciennes, et les effets horrifiques, dont on peut regretter la rareté, tiennent tous à peu près bien la route (à part une séquence avec deux mains et une tête qui feront sourire !). Il y a notamment une scène très gore à la fin que j’avais d’ailleurs déjà vu dans un Deodato si je ne me trompe pas mais qui fonctionne du tonnerre. Non, formellement Demonia retrouve à peu près le savoir-faire du réalisateur, qui néanmoins n’est pas au meilleur de son niveau non plus, faut pas se mentir. J’ajoute que la faiblesse de la bande son est également un gros souci pour un film de Fulci.
En clair, un film d’horreur du crépuscule du réalisateur. Regardable, pas déplaisant si on passe les 40 premières minutes beaucoup trop molles, parfois très méchant dans ce qu’il propose, mais doté d’une histoire mal bigornée, d’acteurs en roue libre qui finissent par mener le film à mi-chemin entre le nanar et le film d’horreur roublard mais décent. 2.

La fin de carrière de Lucio Fulci ne jouit pas d'une réputation très flatteuse, et ce n'est pas "Demonia" qui contredira cela... Le long-métrage est d'ailleurs resté inédit en salles, y compris en Italie où il est sorti en direct-to-video à l'époque (rarement un gage de qualité !). Aujourd'hui, on peut remercier des éditeurs comme Arrow Video de l'avoir exhumé.
Le film se déroule en Sicile, lors de fouilles archéologiques qui s'apprêtent à mettre au jour les dépouilles de bonnes soeurs. Crucifiées au 15ème siècle pour comportement très déviant, leur esprit se réveille, bien décidé à commettre de nouveaux méfaits.
Ca a l'air sympa sur le papier. Sauf que d'une part, il ne se passe pas grand chose pensant 45 minutes. Il faut en effet attendre la moitié du film pour entrevoir quelques tueries. Les acteurs jouent terriblement mal (dont Lucio Fulci lui-même, dans le rôle d'un flic). Les dialogues ne volent pas haut. Et l'image parait délavée (en même temps, sortie vidéo de 1990 !).
Sans compter cette espèce d'intrigue policière que Fulci essaie de greffer à sa trame surnaturelle. Sauf que ni l'une ni l'autre ne seront jamais vraiment exploitées.
Il reste évidemment les effets gore, dont le réalisateur était devenu le spécialiste international. Beaucoup de meurtres sont gratuits, mais on le mérite d'être créatifs et de bénéficier de bons trucages. Tandis que le réalisateur n'a pas peur de jouer avec le transgressif, détournant la religion ou allant loin dans la cruauté. Dont une scène qui fait étrangement penser à l'intro de "Basic Instinct", qui sortira quelques années plus tard. Paul Verhoven se serait-il inspiré de Lucio Fulci ?
Mais tout ceci ne sauve pas le film, fade et plutôt ennuyeux.