Aussi chaleureux qu'une pierre tombale un soir de novembre, un homme âgé vide une bouteille de whisky seul, face à lui-même, dans son mobil-home. Alors qu'un terrible orage vient d'éclater, quelqu'un se met à tambouriner à sa porte. Sur le seuil, une jeune femme, pieds nus, lui explique qu'elle s'est laissée surprendre par le mauvais temps à une plage non loin d'ici et qu'elle a besoin de passer un coup de fil pour rentrer à son hôtel. L'homme la laisse entrer...
Eh bien, que l'on adhère ou non à la proposition, on pourra au moins reconnaître au duo australien Josiah Allen et Indianna Bell de ne pas avoir choisir la facilité pour ce premier film en forme de huis-clos intégral et uniquement gouverné par la tension entre ses deux protagonistes principaux aux contours et motivations laissés sciemment dans l'ombre.
Au-delà de l'habituelle suspicion qui va s'installer entre l'hôte et son invitée de fortune, "You'll Never Find Me" va complètement nous rendre captifs de la bulle austère de ce mobil-home, que la furie de l'orage à l'extérieur menace d'emporter à tout moment, et des deux formes de solitudes qui s'y rencontrent, y dissertent de leurs conditions respectives (au travers de monologues parfois très bien sentis, comme cette idée que les rêves deviennent une malédiction au fil de l'existence) et, peu à peu, s'y confrontent dans un va-et-vient permanent de vérités et mensonges cherchant à maximiser le trouble sur ce qui est en train de se jouer en ce lieu confiné.
Cadres souvent serrés au plus près des visages pour déceler le moindre signe qui y trahirait une faille de sincérité, échanges parfois voués à prendre un double-sens d'une noirceur absolue et poker menteur littéral où chacun cherche à faire tomber le masque de l'autre, le film a par ses partis pris et son rythme calqué sur ses personnages usés par l'existence toutes les chances de laisser une partie du public sur le carreau mais ceux qui se laisseront prendre au jeu, bien aidé par les prestations plus que solides de Jordan Cowan et Brendan Rock, seront récompensés par une dernière partie ô combien bien exécutée en termes d'angoisse contagieuse diffusée à l'écran.
Certes, la révélation (classique dans ses grandes largeurs) n'impressionnera pas les plus routiniers du genre mais toutes les qualités de mise en scène entrevues jusqu'alors vont se déchaîner à la manière de l'orage tonitruant au-dessus de la tête des protagonistes pour retranscrire un retour de bâton infernal nous laissant presque aussi secoué que sa principale cible. Le titre "You'll Never Find Me" y prendra tout son sens et nous laissera sur deux noms de réalisateurs, Josiah Allen et Indianna Bell en ouverture du générique de fin, que l'on rangera aisément dans la catégorie de ceux prometteurs à suivre pour l'avenir du cinéma de genre australien.