Mon classement : "Chef d'oeuvre complexe"
Catégorie : Thriller psychologique
Scénario : Comme souvent, les thrillers psychologiques sont mal-aimés, trop subtils et complexes pour une grande partie du public, qui y va ensuite de sa critique car trouvant le film "incompréhensible". La Plateforme 2 coche pourtant toutes les conditions d'une bonne "suite". Lien avec le film précédent très subtil et révélé uniquement dans la seconde moitié du film, laissant planer le doute et l'impatience (récompensée compte tenu du "plot twist"). Le scénario jongle entre monde adulte et monde de l'enfance, laissant entrevoir une analyse anthropologique sur les comportements humains dans toute leur complexité et leur paradoxe. "Horror humanum est" : Nous avons ici une humanité qui, comme dans la réalité, est dévorée par ses passions ardentes, entre d'un côté la critique d'une discipline froide, absolue et intransigeante virant au cauchemar totalitaire et fanatique, broyant les individualités dans la Terreur et l'obscurantisme religieux au nom du bien commun (comprendra qui pourra les références à Robespierre, au Messie, à la Révolution solidaire) et de l'autre la critique d'une passion ardente pour la liberté absolue, la loi du plus fort, l'individualité égoïste, la violence, annihilant tout espoir de justice, d'ordre et de solidarité. Ces deux visions antagonistes précipitent finalement la Plateforme dans un chaos infernal, dont la protagoniste en proie à ses propres démons cherche simplement à s'extirper avant d'être rattrapée par la "loi d'en haut"... Une réflexion poussée sur les thématiques de l'ordre face à la liberté, de l'égalité face à l'équité, de la solidarité face à l'égoïsme, de l'enfance face à l'âge adulte. Peut-être trop subtil compte tenu des critiques négatives ? Personnellement cela ne retire rien à ma note, qui se base sur les réflexions que je retire de ce film.
Réalisation : Galder Gaztelu-Urrutia nous en avait déjà mis plein la vue avec un premier film vertical et son ambiance glauque, violente, brutale, entre gris béton et rouge sang. Dans la Plateforme 2, il se surpasse en brisant les codes du premier opus et en cherchant délibérément la désorientation et le dégoût du spectateur : le vert se mêle au rouge et au gris, les flammes jaillissent et le sang gicle à foison, les perspectives sont bouleversées avec des scènes latérales, verticales, horizontales... les formes se déchaînent entre corps atrophiés par la faim, obèses morbides, hommes et femmes mutilés, torturés, brûlés vifs, découpés... Le tout accompagné d'une musique sombre et oppressante, plongeant parfaitement le spectateur dans l'univers.