Comédie noire, coécrite et coréalisée par Maxime Govare et Romain Choay, Heureux Gagnants est malheureusement un film très moyen. L'histoire nous fait suivre le sort de plusieurs gagnants du Loto qui sont découvrir à leurs dépens que gagner plein d'argent d'un coup peu s'avérer être un véritable fardeau et que le rêve peut vite tourner au cauchemar. Ce scénario nous embarque pendant un peu plus d'une heure et de demie dans un récit atypique puisque son format de film à sketchs nous fait suivre quatre mésaventures qui se suivent. Hélas, la qualité fluctue entre ces séquences d'une durée à peu près équivalentes et aux chutes sous formes de petites morales. Si le premier segment est prometteur, on se rend malheureusement compte au fil des minutes qui défilent qu'on a vu dès le début la meilleure histoire. Les autres ont tendance à se dégrader avec le temps. Les problèmes sont nombreux, à commencer par ce format qui aurait gagné à entremêler ses histoires ou au moins à les réunir en offrant une fin collective à toutes ces fausses joies. En l'état, malgré quelques petits liens via des transitions entre elles, toutes les histoires se suivent sans avoir de conséquence les unes sur les autres. Cela est regrettable, mais ça n'aurait de toute façon rien changer au problème principal qui concerne le ton. Celui-ci est beaucoup trop sérieux et dramatique pour faire rire. Les situations et les dialogues ne parviennent pas à rééquilibrer la chose pour qu'on rit de ces péripéties parfois cruelles, violentes et brutales. On se retrouve donc face à des scènes pesantes et gênantes, comportant énormément de longueurs. Tout cela n'est vraiment pas propice au rire et ils se font vraiment rare tant c'est plombant au lieu d'être drôle. Il faut dire que le métrage ne se prive pas de faire passer un sale quart d'heure à ses riches victimes en traitant de thématiques graves, comme le terrorisme et la mort. Il ose aller au fond des choses en jouant et en s'amusant de sujets sensibles, mais c'est assurément au dépend de l'humour corrosif qui ne prend pas. Même les personnages ne parviennent pas à se rendre sympathiques pour qu'on s'attache à ce qu'il leur arrive. Pourtant, ces derniers sont interprétés par une distribution appréciable comportant entre autre Fabrice Eboué, Audrey Lamy, Pauline Clément, Louise Coldefy, Anouk Grinberg, Sami Outalbali, Victor Meutelet, Sam Karmann ou encore Guy Lecluyse. L'alchimie fonctionne plutôt bien entre tous ces rôles au sein de leurs séquences, notamment à la faveur de relations basées sur la jalousie, l'inversement des valeurs, la cupidité, l'opportunisme, toutes ces choses qui en disent long sur la nature humaine lorsqu'elle fait face à ce genre d'évènement bouleversant l'existence. Ce cocktail offre des échanges explosifs, soutenus par des dialogues hélas peu inspirés et percutants. Sur la forme, la réalisation du binôme n'est pas satisfaisante. Leur mise en scène, même si elle tente d'apporter du dynamisme avec de l'action, comporte trop de longueurs. Ils ne savent pas écourter leurs scènes et cela s'en ressent fortement en laissant de longs moments inutiles de vide. Les différents lieux traversés sont eux peu marquants en dépit de quelques efforts. Tout cela accouche d'un visuel assez morne, à l'instar de son propos. Des images accompagnées par une b.o. aux compositions appréciables et légères possédants une véritable identité. Elles sont pour leur part totalement dans le ton contrairement au reste. Ces montagnes russes émotionnelles s'achèvent sur une fin correcte, venant mettre un terme à Heureux Gagnants, qui, en conclusion, est une comédie ne parvenant pas à divertir et s'avère être une déception tant il eut été possible de rendre une copie beaucoup plus réjouissante.