Pour un peu de tendresse
Bon, la filmographie de Christophe Duthuron se résume aux deux adaptations des Vieux fourneaux…pas de quoi se relever la nuit ! Il a donc décidé de se lancer dans le feel good movie. Et franchement, ces 91 minutes sont une bonne surprise. L'Arc-en-ciel est un authentique lieu associatif à Marmande qui accueille des personnes ordinaires mais violentées par la vie. Ses adhérents se soutiennent mutuellement dans leur lutte contre les difficultés quotidiennes. Quand on menace de les expulser, un élan de solidarité s'organise autour de Pierre, le fondateur, pour sauver cette maison d’accueil unique. Ce n’est sûrement ni un chef d’œuvre, ni même le film de l’année, mais très loin de la pantalonnade que l’on pouvait craindre, c’est un hymne à la tendresse et à l’entraide qui réchauffe le cœur. Duthuron n’est pas Ken Loach, ça se saurait, mais on a envie de suivre, de côtoyer, de rire et de s’émouvoir avec cette bande de bras cassés, qu’on se laisse faire volontiers.
Des âmes cabossées, des cœurs blessés, des êtres fêlés, au centre d’un film inclusif au sens noble du terme. Les comédiens professionnels évitent de faire leur numéro et se font même discrets au milieu des vrais pensionnaires de ce lieu de vie considéré comme un pilier de la vie associative de Marmande. Ce film a un immense mérite – et à ce titre doit être soutenu par le public -, celui de mettre un joli coup de projecteur sur ces inadaptés résilients qui ne demandent qu'à vivre ensemble et être heureux. Des gens qui ont fait des sorties de route, dont le monde s’est effondré, et qui grâce à cette association unique au monde, se remettent en mouvement, se redonnent un sens. Après la chute, ils ont retrouvé le chemin de la joie. Et le spectateur avec eux.
Pierre Richard, - constamment entre rires et larmes… à 90 ans, il reste un immense acteur , Bernard Le Coq, Charlotte De Turckheim, François Berléand, Emilie Caen, Méliane Marcaggi et même Mathieu Chedid himself, jouent les faire-valoir avec humilité et talent. Après Un p'tit truc en plus, d'Artus, Fêlés porte un regard bienveillant et sincère sur la différence. Cette comédie de la tendresse nous apprend à voir qu’une autre façon de vivre est possible. Une vie sur mesure. Débarrassée des toxines sociales, du jugement, de la compétition, des faux semblants. La morale du film : Réussir sa folie, c’est trouver l’équilibre dans le déséquilibre.