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Jeanne B
2 abonnés
5 critiques
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5,0
Publiée le 17 avril 2024
Un voyage aux frontières du virtuel. On est éblouis par la forme audacieuse, rien n'est de trop. Je n'aime ni les jeux vidéos ni les films expérimentaux et je recommande vivement Knit's island.
Trouver l'humanité toute entière dans l'univers le plus virtuel qui soit.
Film en apparence assez iconoclaste - quoi que le très récent Bac à sable de Charlotte Cherici et Lucas Azémar lui est très proche à certains égards -, il faut commencer par préciser que la forme de Knit's Island ne cherche à aucun moment de pis-aller à une réflexion hors sol et métaphysique. Au contraire, nous avançons dans cet univers au gré des rencontres avec les personnages réelles-virtuelles qui se retrouvent sur le chemin des trois réalisateurs-joueurs - sans voix-off. C'est d'ailleurs cette dimension "jeu" qui m'a paru la plus frappante après coup : tout le monde "joue" et c'est très agréable de se retrouver dans un endroit aussi particulier et un peu malaisant il me faut le reconnaître - personnellement je ne connaissais pas le jeu et quoi qu'en disent certains, le moteur graphique est assez ancien - mais où finalement c'est la dimension "playground" qui perdure avant toute chose. Comme au "cinéma", les joueurs incarnent des rôles, mais ici des rôles qu'ielles se sont choisi.e.s. Ce mélange entre toutes ces multiples fiction de soi et un dispositif documentaire assez classique - mode observationnel où les réalisateurs posent des questions en sons in et sans vox-off donc - sur un jeu est très réussi - et de mon point de vue très beau. Nous avons l'impression de découvrir des faces cachées de tous ces joueurs et ces joueuses, mais qui sont protégées par l'anonymat du jeu - ce qui règle un certain nombre de questions "éthiques". Tout le monde donne l'impression de pouvoir être qui ielle veut, et à notre époque, qui plus est dans un monde viscéralement virtuel, cela produit quelque chose d'assez rassurant. Il reste des petits espaces encore cachés où des personnes réussissent à être elles-mêmes sans que le tout jugement permanent les en empêche.
Petit à petit nous avançons avec les réalisateurs, nous découvrons des nouveaux lieux et nous nous attachons finalement à toutes ces rencontres avec eux. Si le fait de "regarder des joueurs jouer" n'est pas nouveau, le fait de l'intégrer dans un film de cinéma - et ici c'est vraiment la question du rythme et du montage qui produisent le plus un écart avec YouTube et Twitch je crois - produit un effet assez grisant. L'écran d'ordinateur projeté sur l'écran de cinéma, les sons du jeu à un volume plus élevé qu'au casque, tout ça joue inévitablement dans la production d'une certaine étrangeté - étrangeté que j'ai beaucoup apprécié donc. Ils proposent un autre regard et c'est bien ce que l'on peut trouver de mieux quand on va voir un film. Ici, bien sûr, les puristes diront "Marker". Mais les approches sont trop différentes pour que ce soit comparable, notamment parce que l'idée ici est de regarder jouer. On ne nous raconte rien en off, on nous prend quelque peu par la main pour qu'on se sente à l'aise et on nous propose un petit voyage.
spoiler: D'ailleurs, il convient de préciser pour terminer que j'ai trouvé la séquence dans l'espace liminal du jeu absolument merveilleuse. On peut penser à Farocki ici bien sûr, mais la dimension "expédition", "en équipe", avec des personnages avec lesquels nous nous sommes attachés en tant que spectateur, dans ces contrés finalement jamais vraiment "vides", mais jamais vraiment explorées - on le croit et on a envie de le croire - m'a vraiment bouleversé. On comprend tout l'engouement que ressentent tous ces joueurs et on a l'impression d'être très privilégié et chanceux que de pouvoir y participer avec elleux.
5/5 donc, un peu comme "reçu 5/5" : je conseille très vivement - et en salle bien sûr.
A voir absolument! Pour l inventivité, pour l humilité des réalisateurs qui interrogent plutôt que ne donnent de leçon, pour la subtilité de la réflexion, pour le vent dans les branches... Joueurs comme non joueurs se sentiront concernés parce que le film parle en fait de la Vie!
Très belle recherche romancé sur le questionnement philosophique qui entoure notre monde et celui que l'on peut vivre a travers ce genre de jeux ("Real-player") La séance est immersive et le sujet novateur. 2 bonnes raison pour sortir voir un film
Passionnante expérience que celle du spectateur de Knit’s Island, documentaire comme on n’en avait jamais vu. Cette immersion dans les images virtuelles d’un monde postapocalyptique de jeu vidéo à la beauté mélancolique, à la rencontre d’avatars animés d’une façon pas complètement fluide, a de quoi bouleverser les repères, et notamment la terminologie de « cinéma du réel » employée pour désigner le cinéma documentaire par opposition à la fiction. La mise en scène, entièrement conçue de l’intérieure par les avatars des réalisateurs, à l’aide de techniciens tout aussi investis dans le jeu vidéo (DayZ, en l’occurrence) relève d’une certaine prouesse : l’équipe a en effet joué pendant quatre ans, soit un millier d’heures, pour parvenir à interviewer et mettre en cadre et en situation les avatars mus et mis en voix par les « vrais » joueurs en ligne, vivant au Canada, à Berlin, en Afrique du Sud et j’en passe. Un film dont le sens de la narration, du cadrage et du montage en font un vrai beau film de cinéma, stupéfiant dans sa forme et profond dans sa réflexion sur la virtualité versus la réalité, sur le jeu, sur ce qui fait, au fond, l’humanité. A voir absolument sur grand écran tant qu’il s’y joue !
Quelque part sur internet, il existe un espace de 250km² où des individus se regroupent pour simuler une fiction survivaliste. Qui sont-ils ? Sont-ils dans leur propre réalité ou jouent-ils à un jeu ? Une équipe de tournage les infiltre…
Après Marlowe Drive (2017), un court-métrage de 35min intégralement tourné dans l’univers de “GTA V”, le trio composé d’Ekiem Barbier, Guilhem Causse & Quentin L'Helgouac'h récidive dans l’univers du jeu vidéo en allant à la rencontre d’une communauté de survivalistes au sein du jeu "DayZ", un open-world post-apo multijoueur.
Knit’s Island (2024) est composé uniquement d’images de jeu vidéo puisque celui-ci se déroule intégralement dans le jeu. Pour réaliser cette immersion vidéoludique, l’équipe y a joué pendant 4 années (963h plus précisément), pour un total de 170 heures de rush. Dans le jeu vidéo, l’équipe a rencontré plusieurs communautés (dont "Les Ombres de la Nuit"). Mais c’est avec ceux qui se font appeler "L'Église des Vivants" que l’équipe de tournage a suivi au fil de leurs aventures. Dans le jeu, ils se définissent comme anarchistes, cannibales et tuent par plaisir. On découvre ainsi leur mode de vie, de penser et comment ils se représentent au sein du jeu. Une sorte d'échappatoire à la vie réelle dans lequel ils donnent libre court à leurs fantasmes les plus surprenants.
Nul doute que pour adhérer à ce documentaire, il faut être un minimum familier du monde des jeux vidéo, ce que je ne suis pas. Regarder pendant 90min des individus jouer au jeu vidéo (voir des personnages dialoguer entre eux comme des PNJ), c’est long et rébarbatif et ce, malgré la qualité des graphismes hyperréalistes qui nous permettent de profiter de magnifiques paysages. Dans le même registre, impossible de ne pas repenser au documentaire The Cat, the Reverend and the Slave (2010) sur le jeu virtuel “Second Life”.
Un film documentaire hors du commun à ne pas rater. Familier ou pas des jeux vidéos, ce documentaire au dispositif cinématographique vous plongera dans un univers où la frontière du virtuel et du réel devient flou. Poétique, fascinant, brillant, le film est une expérience unique et une immersion totale ! Je recommande ! !
Un film expérimental réalisé dans un jeu de survie. On peut apprécier la performance de réussir à mettre au point un documentaire uniquement dans ce cadre virtuel. Pour ma part, je n'ai rien compris à cette succession de situations et de dialogues absurdes où d'autres voient de la poésie et je ne sais quelle virtuosité.
Film documentaire vu en avant première au festival du cinéma d'ales "Itinerances".
Ce documentaire entièrement filmé dans un jeu vidéo est doté d'un esthétisme singulier, les réalisateurs ont su capter des images qui nous font voyager et nous donne envie de découvrir ce territoire virtuel.
Knit's Island retranscrit avec justesse et poesie les relations qui se construisent dans cet espace numérique. Il met également en lumière les contradictions humaines , ce que nous sommes en tant que personne et ce que l'on cherche à être à travers nos avatars. A l'ère du tout numérique, ce documentaire nous questionne sur nos pratiques en ligne et nos relations virtuelles.
Plus qu'un film sur le jeu vidéo, knit's Island, parle des nouvelles manières de se rencontrer.
Meme en ayant jamais joué au jeu vidéo , j'ai réussi à m'identifier à ces joueurs et me reconnaître au travers de ces avatars.
"DayZ" est un jeu vidéo RPG en ligne vendu à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde depuis sa sortie en 2018. Les joueurs évoluent dans une république post-soviétique dont la population a été transformée en zombies menaçants. Ils doivent s’organiser pour survivre, soit en coopérant, soit en s’entretuant. Trois anciens étudiants des Beaux-Arts de Montpellier, Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’helgoualc’h, qui avaient ensemble consacré un précédent documentaire au phénomène "GTA V", ont filmé leur immersion dans l’univers de "DayZ".
"Knit’s Island" est incroyablement novateur. Il s’agit d’un documentaire entièrement filmé en image de synthèse. Même si vous n’avez jamais joué à un jeu vidéo en ligne – ce qui est (hélas ou tant mieux) mon cas – vous avez déjà vu ces images, de plus en plus réalistes, qui gardent toutefois encore une artificialité dérangeante, notamment dans la retranscription du corps humain, de ses mouvements et des expressions de son visage.
Les trois réalisateurs disent avoir passé près d’un millier d’heures en ligne pendant quatre ans. Ils ont tourné près de deux cents heures de rushes dont ils ont extrait les quatre-vingt-dix minutes du film.
"Knit’s Island" aurait pu raconter une histoire. C’aurait pu être un film d’horreur survivaliste sur une bande de journalistes venus tourner un documentaire au cœur de ce jeu video et devenant la proie de zombies décérébrés et/ou d’humains cruels. Mais, fidèle de bout en bout à son cahier des charges, "Knit’s Island" est un documentaire, semblable en tous points à celui que trois documentaristes seraient allés tourner sur une île exotique en interrogeant ses habitants. On y croise plusieurs joueurs, ceux qui y laissent exprimer leurs penchants les plus sadiques, ceux au contraire qui y réinventent un vivre-ensemble plus solidaire. Parfois, dans ces témoignages, affleurent un peu de leur personnalité : on y apprend qui ils sont, où ils vivent, quel est leur environnement familial….
"Knit’s Island" pose plusieurs questions diablement stimulantes sur la virtualité. La plus évidente est celle des frontières entre le réel et la virtualité : s’agit-il de deux mondes imperméables l’un à l’autre ? ou, pour la poser autrement : les experiences vécues dans les mondes virtuels impactent-ils la vie réelle ? par exemple, va-t-on essayer de rencontrer irl (in real life) les joueurs qu’on a croisés dans DayZ ? Knit’s Island pose aussi des questions intimes : que recherche-t-on dans le jeu en ligne ? une évasion ? un défouloir ? une sociabilité que la « vrai vie » ne nous procure pas ? Les plus délicates sont éthiques et juridiques : les notions de Bien et de Mal s’appliquent-elles dans DayZ de la même façon que dans la « vraie vie » ? est-on « responsable » des actes qu’on y commet ?