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jika19
6 critiques
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4,0
Publiée le 18 juin 2024
Très bon film. Marrant et mélancolique. Amer sans être cringe. Le titre du film en français est pas terrible par contre, the original one is so much more appropriated.
Dans son premier projet, le documentaire "i hate myself:)", Joanna Arnow passait au crible une relation de plusieurs mois, ce qu'elle continue plus ou moins de faire ici à travers plusieurs vignettes qui documentent la vie sentimentale d'Ann et surtout sa sexualité. La jeune femme a un penchant bien particulier pour la domination et les jeux de rôle, et elle cherche des hommes pour satisfaire ses plaisirs. Il y a quelque chose d'assez triste dans ces instants de vie, non pas qu'elle soit soumise ou que ce soit dégradant (chacun son délire), mais elle donne un peu l'impression de penser qu'elle n'est bonne qu'à ça et qu'elle ne mérite pas "mieux". Il y a cette discussion au téléphone où on lui dit que ses parents ont "renoncé" à la voir devenir mère... Il y a aussi des scènes au travail où là, c'est réellement dégradant pour elle. Il y a peu de considération pour son travail et on lui parle sans cesse de ses tâches basiques ou de son obsolescence à venir. Tout cela est traité avec absurdité et un humour pince-sans-rire, mais ça ne fait pas mouche. La structure est redondante et l'ensemble est ennuyeux. Bref, ce n'était pas pour moi.
Ann, la trentaine, vit à New York. Son travail, dans une firme déshumanisée dont on ne comprendra pas réellement la raison sociale, ne la motive guère. Sa famille – des grands-parents auxquels elle rend de temps en temps visite, une sœur envahissante qui lui rend souvent visite pour dégoiser sur son mari – ne lui apporte guère de soutien. Quant à sa vie sexuelle, elle est constituée d’une succession de maîtres BDSM trouvés via des applis de rencontres.
"La Vie selon Ann" – au titre original sacrément plus stimulant mais intraduisible "The Feeling That the Time for Doing Something has Passed" – est un film (dé)culotté. Sa réalisatrice en a signé le scénario et y tient le rôle principal. On l’y voit, nue, dans des scènes de BDSM où elle joue la partenaire soumise d’hommes dominateurs. Nombreux sont les spectateurs des festivals de Cannes et de Deauville où le film a été diffusé l’an dernier, qui s’en sont offusqués. Il faut prendre son élan pour affirmer avec Joanna Arnow que la soumission sexuelle est la phase ultime du féminisme en tant qu’elle permet, dans un renversement typiquement hégélien, à l’esclave de prendre le contrôle de son maître.
Le film en France est tous publics, certes accompagné d’un avertissement. On a connu la commission de classification plus sourcilleuse. Le film se serait volontiers selon moi accommodé d’une interdiction aux moins de douze ans. Son format est volontairement malaisant. Sa mise en scène est minimaliste. Les scènes, en plans fixes et larges, étirées jusqu’au malaise, s’y succèdent sans transition.
Seul élément permettant d’identifier une logique chronologique : les cinq (ou six ?) cartons identifiant les amants successifs d’Ann. Tout commence avec Allen, dont on apprendra qu’Ann le fréquente depuis huit ans déjà. Leur relation est purement sexuelle, leurs échanges sont laconiques. Après d’autres rencontres, Ann se lie à Chris avec lequel s’esquisse la possibilité d’un couple.
Joanna Arnow joue le rôle principal avec un manque revendiqué d’expression. Elle arbore tout au long du film la même moue indifférente. Aurait-elle voulu anesthésier toute empathie chez le spectateur qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. On sort de la salle, définitivement prévenu contre le BDSM s’il se réduit à ces scénarios tristes et vaguement ridicules, et totalement détaché de ce qui a pu advenir de l’héroïne.
« Dérangeant, et dans quel intérêt ?» Il y a de l’idée, mais filmer de façon assez crue ces séances d’humiliation et soumission sexuelle a un intérêt limité. Quelques scènes drôles tout de même. (vu au Festival de Deauville)
Le festival de Cannes a ceci de merveilleux qu'on entre souvent dans les salles sans avoir la moindre idée de ce qu'on va voir.
On est la plupart du temps agréablement surpris, et quelque fois on s'ennuie ferme. C'est ce qui m'est arrivé en 2023, en découvrant à la Quinzaine ce film qui portait encore son titre originel, précieux et prétentieux à son image : The feeling that the time for doing something has passed.
Joanna Arnow se filme elle-même dans une succession de scènes dans lesquelles les personnages semblent réciter leur texte de façon automatique, un peu à la manière d'un Kaurismaki, la beauté des plans et la tendresse distante en moins.
La vie sans intérêt de l'héroïne s'écoule ainsi sous nos yeux : parents insupportables, vie en entreprise quelconque et surtout, le sexe. Ann multiplie en effet les rencontres charnelles masochistes sans que j'ai bien compris à quoi tout cela rimait. L'actrice n'est pas attachante, son personnage est une coquille creuse qui ne manifeste aucune sentiment.
Il y a peut-être un sens à tout cela, mais il m'a échappé.
Le sujet est pour les personnes majeures et vaccinées, c'est la soumission d'une femme aux désirs de ces compagnons, beaucoup de scène explicites, ( peu gênante et osée, il est vrai) de suggestions libidineuses...Mais c'est son truc à Ann, donc il faut l'accepter comme elle est, elle multiplie les expériences, avec des partenaires new yorkais apparemment, et c'est un peu la "sucrerie" de ce film, qui nous immerge doucement dans une ville agréable, où les gens sont gentils, et amicaux, du moins ceux qu'elle fréquente;...Cela donne une agréable et chaleureuse image de la grande pomme ( Big Apple) et de ses habitants, beaucoup moins agressifs et bourrus que des parisiens, disons des européens....C'est le charme de New York, tout au moins au cinéma???Après la réalité peut être différente???In fine, cette femme finit par devenir assez sympathique, comme les gens qu'elle côtoie, et l'on peut comprendre sa quête, mais peut être aurait il fallu plus d'humour pour me convaincre;. A vous de voir......
Affligeant! Un enchainement de chapitres ineptes dans ce film dégradant pour l'image de la femme. Des dialogues d'une banalité affligeante, une mise en scène répétitive. J'ai tenu un chapitre et demi.
Joanna Arnow est sacrément culottée et largement à contre-courant de la morale, davantage encore à l'époque actuelle, pour étaler à l'écran ses désirs de soumise à disposition. Le récit de son film procède par une succession de vignettes : Ann au bureau, Ann en famille et surtout Ann face aux hommes. L'humour pince-sans-rire, avec quelques punchlines à la clé, fonctionne dans les scènes "normales" du quotidien mais s'efface devant la répétition des humiliations volontaires subies par la susdite dans sa vie intime. La vision des relations sexuelles de l'héroïne qui est donc celle de la réalisatrice qui joue son propre rôle ne peut que susciter un certain malaise, bien que rien ne soit montré de manière frontale mais suggéré de façon très explicite. Contradictions d'une femme qui au travail ne se laisse pas faire et semble même détenir un certain pouvoir. Impossible de ne pas se sentir comme un voyeur embarrassé devant l'exhibitionnisme et les pratiques d'un personnage qui n'est jamais rendue sympathique, par quel côté que ce soit. La radicalité de La vie selon Ann en fait un objet bizarre et peu séduisant, dont le caractère de sincérité parait cependant évident, sans recherche de provocation gratuite, mais cela ne rend pas notre regard confortable, bien au contraire.
Il y a vraiment quelque chose de gênant à imaginer qu'en 2023, le fantasme d'une femme soit d'être traitée moins bien qu'un chien (littéralement) : humiliée, sans aucun libre arbitre, soumise et dépendante émotionnellement à son maître, alors que d'autres femmes n'ont pas la chance d'échapper à cette situation qu'elles ne trouvent pas "sexy", elles... On comprend ce que Joanna Arnow a voulu faire, en défendant le droit de fantasmer sur absolument n'importe quel sujet, aussi extrême (et casse-gueule) soit-il, mais cela valait-il une séance de 1h20 à la voir enchaîner les fellations (filmées de façon très racoleuse), à la voir obéir en boucle à des ordres stupides, à la voir se faire insulter copieusement (on a compris l'idée au bout de cinq minutes... Au-delà on se demande si la réalisatrice n'aurait pas mieux fait de faire une sex-tape personnelle dont elle aurait été la seule spectatrice...). On saisit vite ce que Joanna Arnow veut défendre (le fantasme sexuel du martyre), mais son personnage qui fait la tronche et est désobligeant tout le film, le montage mou du genou, l'idée du scénario qui est assez consistant pour durer cinq minutes (pas plus), et le parallèle malheureux qu'on ne peut s'empêcher de faire avec les femmes qui subissent leur genre sexuel au quotidien, sont traitées comme des chiens sans l'avoir demandé...rien n'est bien enthousiasmant dans La Vie selon Ann. On reste courtois en disant que cette dame a la chance que ce fantasme de maltraitance physique et morale reste un choix, quand le fait même d'avoir ce choix est le fantasme en soi de millions d'autres femmes.