Nawal, mère d’une jeune fille, fait face à la mort de son mari et à sa belle famille, qui tente de lui voler son héritage. Le film montre la dure condition féminine dans un pays où les traditions sont ancrées dans la société. C’est fort, puissant, bouleversant.
Les droits et la liberté des femmes sont au cœur du cinéma méditerranéen ces dernières années. Inchallah un fils s’inscrit dans ce mouvement, en dressant le portrait d’une société jordanienne dans laquelle les femmes en deuil sont assignées à résidence pendant 6 mois, voient leur autorité parentale menacée, et doivent partager l’héritage de leur mari avec leurs propres frères. Un drame social désespéré qui n’est pas sans faire penser à ceux de Ken Loach. La perversité du système résulte de son apparente cohérence : en contrepartie, les héritiers (frères de la veuve dans le film) doivent prendre soin d’elle. Devoir légal coupant à la racine toute prétention de justice et d'humanité.
Solitude de Nawal, interprétée par Mouna Hawa sobre et bouleversante : Elle ne pourra s’appuyer sur personne : le premier frère Rifqi, également très bien interprété par Haitham Omari, incarne la volonté d’appliquer le droit et la perversité qui en résulte, le second le respect de la tradition et la lâcheté qu’elle permet. Soutenue par l’amour de sa fille, Nawal tiendra bon cependant dans ce combat désespéré.
Son entêtement Nawal aura un symbole : ne pas vendre le pick-up de son défunt mari, alors qu’elle ne sait pas conduire. Nous-même nous laissons prendre au piège : mais pourquoi donc ne le vend-elle-pas ? Par dernière image de film, ce symbole deviendra l’espoir concret d’une liberté, donnant raison à l’entêtement de Nawal.
Remarquable pour un premier long métrage, pour un film issu d'un pays que l'on n'avait jamais vu à Cannes !
Très belle découverte de la Semaine de la Critique 2024, ce premier film jordanien est absolument captivant.
Inchallah mon fils est bâti sur le même modèle que le meilleur du cinéma iranien : un scénario aux petits oignons qui évite tous les pièges, une mise en scène à la fois élégante et discrète, et une interprétation excellente de tous les acteurs et actrices (y compris, et peut-être surtout les rôles secondaires). Ce formidable suspense psychologique respire l'intelligence à tous les niveaux.
Le magnifique personnage principal, joué par l'actrice palestinienne Mouna Hawa, nous captive du premier plan au tout dernier. Nawal devient le temps de deux petites heures notre amie, et même peut-être notre soeur (on a tellement envie de remplacer sa chiffe molle de frère !). On l'admire, on s'inquiète pour elle, elle nous énerve parfois, on a envie de la conseiller : c'est un vrai et beau personnage de femme, comme le cinéma en propose rarement.
Evidemment, le réalisateur Amjad Al Rasheed ne se contente pas de nous offrir un drame familial subtil et délicat, il dresse aussi un tableau tout en nuance de la société jordanienne contemporaine, dont on ne parle finalement jamais en Europe. C'est donc aussi un des mérites du film de nous faire découvrir cette société assez ouverte, dans laquelle la population pratique un islam tolérant qui n'a pas d'équivalent dans la région - même si la condition de la femme n'y est pas, comme le film le montre, satisfaisante.
C'est vraiment le film sympa et efficace à ne pas rater en ce début d'année, il n'y en aura plus beaucoup d'aussi bon avant Cannes.
Le titre de ce premier film Jordanien ayant monté les marches à Cannes sonne comme une prière ; si seulement je pouvais avoir un fils. Nawal est une jeune trentenaire infirmière à Amman, mère d’une fillette, qui va voir sa vie et ses certitudes bousculées par la mort brutale de son mari. Elle s’aperçoit alors, n’ayant pas de fils, que la moitié de ses biens doivent aller à sa belle-famille. Vendre son appartement pour restituer l’héritage de son mari à sa belle-famille va la mettre à la rue elle et sa fille. Pas tout à fait, c’est plus pervers, car la morale prévoie que la famille lui apporte assistance ; elle devrait donc se retrouver plutôt chaperonnée, elle qui pourtant est financièrement autonome ; ou alors se remarier. Mais en mère courage qu’elle est, elle va se battre contre cette société patriarcale qu’elle découvre afin de garder sa liberté. Mouna Hawa est tout simplement éblouissante dans ce rôle central de mère courage ; elle porte en partie à bout de bras le film comme Asghar Farhadi le fait parfois en donnant les rennes à des actrices magnétiques dans ses films. Et ce n’est pas le seul parallèle que l’on peut faire avec le maitre persan ; Amjad Al Rasheed pour son premier long métrage, à la mise en scène certes convenue, élabore un crescendo du suspense et de la tension donnant un dynamisme romanesque à son film ; s’éloignant ainsi des codes du docu fiction.spoiler: A part un final en forme de happy end très maladroit, il évite tous les écueils programmatiques de son sujet ; j’ai eu peur à plusieurs reprises de certaines orientations scénaristiques possibles, il a à chaque eu l’intelligence de prendre un chemin de traverse. Cependant dans son film aucun homme n’est à sauver, à part peut-être le collègue kiné ; le frère est lâche, le beau-frère vénal,… Cependant j’ai découvert que le régime jordanien est un régime de droit, peu favorable aux femmes, mais le rappel à la loi est bien visible à plusieurs occasions. Le réalisateur n’épargne personne et ne fait pas de l’Islam le bouc-émissaire, et c’est très malin. En miroir de l’histoire personnelle de Nawal, nous allons découvrir le même poids des traditions dans une famille chrétienne jordanienne. Les salons feutrées de la bourgeoisie nationale se révèlent aussi castrateurs pour les femmes ; islam ou chrétienté même combat, même sanction. Plus qu’un film exotique et informatif, c’est une vraie immersion jordanienne très prenante ; un joli récit de survie, d’émancipation, d’espoir et de lutte contre le poids des traditions. Un des bons films de ce début d’année. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COMspoiler:
Vu le 15/03/2024 à Bron un film sur la société jordanienne encore verrouillée. Après la mort soudaine de son mari, Nawal, 30 ans, doit se battre pour sa part d’héritage face à sa belle-famille, pour sauver sa fille, pour sauver sa maison, dans une société où avoir un fils aurait changé la donne. Une société patriarcale où les hommes sont lâches (le frère), où les hommes sont veules et vénaux (le beau-frère), où les tribunaux sont soumis à la loi islamique et où les femmes sont les gardiennes de la tradition., aussi bien chez les catholiques que chez les musulmans. Un film lent comme tous les films moyen-orientaux mais sans longueur, captivant. On ne voit pas le temps passé.....
En regardant ce film, j'ai repensé à toutes ces femmes qui ont échappé au couperet de la guillotine grâce à leur grossesse pendant la révolution française. Certes ce n'est pas le cas de notre héroïne mais seule une grossesse pourrait la sauver d'une situation très douloureuse réservée aux veuves qui n'ont pas de fils dans cette société jordanienne dominée par le patriarcat. D'un jeu magistral de tous les avis, l'actrice se bat seule contre tous, rongée par l'incertitude de la réalité de sa grossesse jusqu'à la dernière minute.
Trahi par son titre d'exploitation en français ( la traduction de son titre original serait plutôt " mon Dieu, un enfant !", ce film en provenance de Jordanie mérite pourtant d'être vu.
Présenté à la SC ( cannes 2023), ou il est reparti sans récompense, " inchallah..." est le portrait d'une femme devenue soudainement veuve et qui se retrouve à lutter contre sa belle famille pour se maintenir dans son appartement avec sa fille.
Le scénario à tiroirs ( c'est le point fort du film) aborde plusieurs pistes qui enrichissent peu à peu le propos. C'est aussi l'occasion pour le cinéaste d'inviter à une réflexion sur la place réservée aux femmes dans le système juridique du royaume de Jordanie.
Le système soit disant d'entraide intra familial en prend pour son grade. On se donne parfois du " ma sœur", qui ne correspond en réalité qu'à l'expression d'une profonde toxicité plus qu'à un sentiment bienveillant ou solidaire.
On peut aussi voir dans ce titre, une forme de valorisation du courage, de l'abnégation et un appel à ne pas baisser les bras.
Malgré ses indéniables qualités, le niveau de maitrise de la mise en scène n'atteint toutefois pas celui des Iraniens Farhadi, Roustaee ou Rassoulof.
On regrette de ne pas parler la langue, mais la traduction rend bien l'ambiance. Somme toute, pas de grande différence avec ce qui se passe dans nos régions soi-disant évoluées: le pognon et l'envie d'avoir plus que les autres est toujours le moteur de l'humanité, particulièrement dans les successions. J'ai réglé des succession en France pendant 25 ans, et les attitudes du frère et du beau-frère ne m'ont pas étonné. Un rythme soutenu, une remarquable actrice avec une adorable fille parfaitement à sa place.
Chapeau ! Un premier film totalement maitrisé, qui nous fait découvrir un cinéma jordanien engagé et combatif. Il y a dans Inch’allah un fils une forte parenté avec le cinéma iranien d’Asghar Farhadi : scénario au cordeau, ancrage dans la société, interprète féminine inspirante. On est plongé avec son héroïne dans la même tourmente , le même implacable mécanisme qui broie les victimes d une société patriarcale qui paraît immuable Mais il y a plus cette fois, notamment dans cette très scène très audacieuse d’avortement, et dans cette manière d’aborder la sexualité féminine et l’adultère. Palpitant, touchant, révoltant mais aussi porteur d espoir, un film à encourager avant qu’il ne disparaisse de vos écrans.
La vie des femmes en Jordanie est guère enviable. La démonstration est ici édifiante, et suscite évidemment notre compassion. Les intentions qui justifient ce film ainsi que son contenu "documentaire" sont tout à fait louables, mais la réalisation cinématographique n'est pas convaincante. Le scénario s'étire, manque de rythme. Les scènes se répètent et le message est lourdement appuyé. Ses faiblesses finissent par créer de l'ennui et par nous éloigner de la cause portée par ce film.
Sur le fonds cette histoire est bien jouée et interessante et le cinema jordanien ça change mais sur la forme ça manque de rythme et c'est dommage et c'est pour ca que je n'ai pas mis plus de 3.
Interprétation très juste. Un film engagé qui rend hommage au courage de femmes écrasées par le poids des traditions familiales, religieuses, patriarcales...Un jour viendra où les hommes et les femmes seront vraiment égaux....inchallah !
Lés intégristes se reconnaiTront qui critiqueront ce film. On y voit bien l archaïsme d’une communauté ou les droits des femmes ne représentent rien , viTraditions moyenâgeuses et religion se chargeant de les étouffer de les annihiler de les rabaisser. Une jeune épouse (trompée )voit son mari décéder dans son sommeil et doit endurer l égoïsme monstrueux de sa belle famille.l argent….la jeune épouse et mère se débat jusqu’à un signe du destin.. Belle histoire. Les intégristes de là bas s étoufferont et c’est tant mieux !