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traversay1
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4,0
Publiée le 6 juillet 2023
Premier film jordanien à être sélectionné au Festival de Cannes, Inchallah un fils s'inscrit dans la lignée des films moyen-orientaux qui tracent un portrait de femme en lutte pour son honneur, sa survie et son indépendance. Qu'y a t-il de pire à Amman que d'être mère (d'une fille, hélas) devenue veuve prématurément, comme Nawal, dans une société régie par les hommes et Dieu, ce dernier invoqué lorsque cela arrange la gent masculine ? Aussi prenant qu'un long-métrage des Dardenne ou de Loach, Inchallah un fils impressionne par son intelligence et fluidité narratives, en privilégiant le réalisme, tout en soulignant l'absurdité progressive des situations qui enferment son héroïne dans un combat sans merci contre des ennemis qui font souvent partie de sa propre famille. Nulle lourdeur n'apparait dans les thématiques abordées, avec une maîtrise exceptionnelle, de l'avortement au harcèlement de rue, en passant par les questions de la réputation et de la perte d'identité sociale, pour une femme qui a perdu son époux. Le côté édifiant de l'ensemble n'est jamais accentué par la mise en scène de Amjad Al Rasheed (38 ans), auteur jusqu'alors d'un seul court-métrage. Dans le rôle principal, l'actrice palestinienne Mouna Hawa est tout bonnement incroyable pour faire passer toutes les nuances d'une personnalité complexe, pratiquement seule contre tous, que l'on aimerait tellement aider et avoir pour amie.
Film jordanien réussi. Les démêlés courageux d’une jeune veuve, mère d’une petite fille, avec ses beaux-frères et son frère qui tiennent à la maintenir sous leur coupe et à la déposséder de ses biens conformément au droit coranique. Très bons acteurs. Film émouvant qui ne manque pas d’humour et qui me rend reconnaissante d’être une femme en France.
« Lorsqu'une femme perd son mari, elle perd son amant, son partenaire et tout ce qu'elle a dans la vie. » La femme qui prononce cette phrase lors de la veillée ne croit pas si bien dire... Représentant de la Jordanie pour la 96e cérémonie des Oscars, "Inshallah walad" s'inspire d'une loi jordanienne selon laquelle une femme qui perd son mari et qui n'a pas de fils doit céder une partie de son héritage à sa belle-famille. Nawal, qui se trouve dans cette situation, se retrouve démunie face aux lois patriarcales de son pays... Le premier film d'Amjad Al Rasheed est une critique d'un système, mais surtout de ceux qui l'utilisent pour encore plus opprimer les femmes. Un film rageant, mais aussi un beau portrait d'une femme forte avec le réalisateur qui montre toutes les facettes de Nawal qui est à la fois vulnérable et résiliente face à cette injustice. En somme, un bon film porté par une superbe Mouna Hawa.
Nawal/Mouna Hawa est une veuve épleurée, mère d'une fillette adorable et qui semble merveilleusement entourée par la famille et sa belle-famille jusqu'au moment où il est question d'argent. Le film évite alors un manichéïsme trop caricatural car les questions d'argents parasitent aussi bien les héritages occidentaux, il y a aussi une notion de dettes ce qui laisserait à penser que sans cette dette la belle-famille aurait laissé sa part à Nawal ?! On n'en doute, mais jamais le récit ne permet réellement de percer cette question. Dommage, car sans cette dette, le beau-frère pourrait aussi demander son héritage et la dimension générale du film serait encore plus à charge. Nawal lutte comme elle le peut, et croise alors d'autres femmes qui sont chacune un pan d'un féminisme au purgatoire des Ayatollahs. Le scénario est plein d'acuité et juste, réaliste dans une narration fluide et logique mais qui termine dans une conclusion frustrante, et tous cas non concluante... En conclusion, un beau et bon film, merveilleux portrait d'une femme en détresse mais on perçoit dans le film le poids d'un financement jordanienne d'état ou du moins l'influence d'un Islam omniprésent qui biaise un peu le récit. A conseiller néanmoins. Site : Selenie.fr
Nawal est la mère comblée d’une petite fille, Nura, et essaie d’avoir un second enfant avec son mari quand celui-ci décède brusquement dans son sommeil. À la perte brutale de son époux s’ajoute bientôt la révélation des conditions de sa succession. En l’absence d’héritier mâle, elle échappera à Nawal au bénéfice du frère de son époux, qui héritera de la moitié de ses biens et de la garde de Nura.
"Inchallah un fils" nous vient de Jordanie, un pays quasiment absent de la carte des cinémas du monde. C’est le premier film de son réalisateur. C’est aussi le premier film jordanien à avoir jamais été projeté en sélection officielle à Cannes à la Semaine internationale de la critique 2023.
Son pitch pourrait laisser augurer une énième dénonciation, très bien pensante, du patriarcat qui prévaut dans certains pays musulmans où le droit institutionnalise l’infériorité de la femme. Sa sortie le 6 mars, l’avant-veille de la Journée internationale des droits des femmes n’en serait que plus pertinente.
Fort heureusement "Inchallah un fils" ne se réduit pas à cette dimension-là. Si la condition féminine en terre d’Islam est son motif, son scénario, étonnant de maîtrise, surtout pour un premier film, accumule les rebondissements et pousse Nawal dans ses retranchements.
On pense aux films iraniens qu’on a tant aimés et à leur ambiance étouffante : "Une séparation" (2011), "Nahid" (2014) "Juste une nuit" (2022). J’ai pensé aussi aux films des frères Dardenne et aux dilemmes moraux auxquels leurs personnages étaient confrontés. Dernière référence, en raison de son sujet et de son dénouement : le récent film brésilien "Levante".
Tandis que Nawal essaie par tous les moyens d’obtenir un test de grossesse positif – grâce auquel un délai de neuf mois lui serait accordé dans l’attente de l’hypothétique naissance d’un fils avant de régler la succession – qu’elle hésite même à prendre un amant pour tomber enceinte, la fille des riches Jordaniens chez qui elle travaille tombe enceinte et souhaite avorter. Ainsi semblent s’esquisser deux portraits de femme, de milieux très différents, toutes deux confrontées à un ordre inique : celui qui oblige la première à enfanter un fils et qui refuse à la seconde le droit de disposer de son corps. S’ouvre au scénario une issue toute tracée : l’échange des identités et des tests. Mais, "Inchallah un fils" a l’intelligence de refuser cette facilité et d’imaginer un dénouement à la fois inattendu et crédible.
Sur le fonds cette histoire est bien jouée et interessante et le cinema jordanien ça change mais sur la forme ça manque de rythme et c'est dommage et c'est pour ca que je n'ai pas mis plus de 3.
Très belle découverte de la Semaine de la Critique 2024, ce premier film jordanien est absolument captivant.
Inchallah mon fils est bâti sur le même modèle que le meilleur du cinéma iranien : un scénario aux petits oignons qui évite tous les pièges, une mise en scène à la fois élégante et discrète, et une interprétation excellente de tous les acteurs et actrices (y compris, et peut-être surtout les rôles secondaires). Ce formidable suspense psychologique respire l'intelligence à tous les niveaux.
Le magnifique personnage principal, joué par l'actrice palestinienne Mouna Hawa, nous captive du premier plan au tout dernier. Nawal devient le temps de deux petites heures notre amie, et même peut-être notre soeur (on a tellement envie de remplacer sa chiffe molle de frère !). On l'admire, on s'inquiète pour elle, elle nous énerve parfois, on a envie de la conseiller : c'est un vrai et beau personnage de femme, comme le cinéma en propose rarement.
Evidemment, le réalisateur Amjad Al Rasheed ne se contente pas de nous offrir un drame familial subtil et délicat, il dresse aussi un tableau tout en nuance de la société jordanienne contemporaine, dont on ne parle finalement jamais en Europe. C'est donc aussi un des mérites du film de nous faire découvrir cette société assez ouverte, dans laquelle la population pratique un islam tolérant qui n'a pas d'équivalent dans la région - même si la condition de la femme n'y est pas, comme le film le montre, satisfaisante.
C'est vraiment le film sympa et efficace à ne pas rater en ce début d'année, il n'y en aura plus beaucoup d'aussi bon avant Cannes.
Le titre de ce premier film Jordanien ayant monté les marches à Cannes sonne comme une prière ; si seulement je pouvais avoir un fils. Nawal est une jeune trentenaire infirmière à Amman, mère d’une fillette, qui va voir sa vie et ses certitudes bousculées par la mort brutale de son mari. Elle s’aperçoit alors, n’ayant pas de fils, que la moitié de ses biens doivent aller à sa belle-famille. Vendre son appartement pour restituer l’héritage de son mari à sa belle-famille va la mettre à la rue elle et sa fille. Pas tout à fait, c’est plus pervers, car la morale prévoie que la famille lui apporte assistance ; elle devrait donc se retrouver plutôt chaperonnée, elle qui pourtant est financièrement autonome ; ou alors se remarier. Mais en mère courage qu’elle est, elle va se battre contre cette société patriarcale qu’elle découvre afin de garder sa liberté. Mouna Hawa est tout simplement éblouissante dans ce rôle central de mère courage ; elle porte en partie à bout de bras le film comme Asghar Farhadi le fait parfois en donnant les rennes à des actrices magnétiques dans ses films. Et ce n’est pas le seul parallèle que l’on peut faire avec le maitre persan ; Amjad Al Rasheed pour son premier long métrage, à la mise en scène certes convenue, élabore un crescendo du suspense et de la tension donnant un dynamisme romanesque à son film ; s’éloignant ainsi des codes du docu fiction.spoiler: A part un final en forme de happy end très maladroit, il évite tous les écueils programmatiques de son sujet ; j’ai eu peur à plusieurs reprises de certaines orientations scénaristiques possibles, il a à chaque eu l’intelligence de prendre un chemin de traverse. Cependant dans son film aucun homme n’est à sauver, à part peut-être le collègue kiné ; le frère est lâche, le beau-frère vénal,… Cependant j’ai découvert que le régime jordanien est un régime de droit, peu favorable aux femmes, mais le rappel à la loi est bien visible à plusieurs occasions. Le réalisateur n’épargne personne et ne fait pas de l’Islam le bouc-émissaire, et c’est très malin. En miroir de l’histoire personnelle de Nawal, nous allons découvrir le même poids des traditions dans une famille chrétienne jordanienne. Les salons feutrées de la bourgeoisie nationale se révèlent aussi castrateurs pour les femmes ; islam ou chrétienté même combat, même sanction. Plus qu’un film exotique et informatif, c’est une vraie immersion jordanienne très prenante ; un joli récit de survie, d’émancipation, d’espoir et de lutte contre le poids des traditions. Un des bons films de ce début d’année. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COMspoiler:
A la mort de son mari, une femme doit se battre contre tout un système dans lequel les femmes n'ont pas leur mot à dire, et plus particulièrement contre les hommes de sa belle-famille pour conserver ce qu'elle possède, dont la garde de sa fille.
Premier film jordanien sélectionné à Cannes, et qui a été proposé à l'Oscar du Meilleur Film Etranger mais qui n'a pas été retenu dans la shortlist des cinq nommés.
Si l'ensemble reste classique et la réalisation assez académique, l'on se laisse petit à petit prendre au jeu par ce récit qui dénonce les ravages du patriarcat mais qui dresse un beau portrait de femme résolue à ne pas se laisser faire, alors que tous les pièges semblent se refermer sur elle.
L'on pense forcément au cinéma d'Asghar Farhadi, même si le film n'atteint pas le même degré de tension. Il pare en revanche son personnage principal d'une certaine forme d'humour et d'un recul assez inattendus. Si la première moitié du film est assez convenue, la nécessité pour cette femme de prouver qu'elle est enceinte (parce qu'avoir un garçon changerait tout) procure un intérêt croissant pour le récit.
En ne plaçant pas son héroïne dans une position de victime, le long métrage ne s'appesantit pas et insuffle une belle force de vie. Un film « de survie, d’émancipation et d’espoir », comme le décrit son réalisateur.
Excellent 1er film de Amjad Al Rasheed bénéficiant d'un suspens qui monte à petit feu et servit par une actrice éblouissante en la personne de Mouna Hawa ! Le film dénonce les ravages du patriarcat avec ses lois ancestrales et s’impose comme un plaidoyer puissant, nécessaire et porté par la grâce !
Le cinéma jordanien se fait rare en France. Il est donc intéressant de se pencher sur la trouvaille Inchallah un fils. Ce drame peut s'attaquer sous différents angles ce qui le rend pertinent dans son approche de la société jordanienne.
Pour faire simple, Nawal, dont le mari meurt, se retrouve dans la complexité de la succession selon les règles religieuses. Premier élément, il y a déjà le cheminement de cette femme qui doit faire le deuil de son mari. En parallèle, elle assume ses responsabilités de mère malgré la douleur et ce chamboulement terrible. Dans ce rôle, la palestinienne Mouna Hawa est exceptionnelle.
C’est alors que vient le thème complexe de la succession qui est vraiment difficile à vivre pour elle. Étant une femme avec une fille unique, c'est le frère de son défunt mari qui a le pouvoir sur la succession. Du jour au lendemain, elle peut donc tout perdre. Être à la rue et ne plus avoir la garde de sa fille. On peut, d'un certain regard, voir ça comme une critique du système religieux mis en place en Jordanie.
Inchallah un fils ne s’arrête pas à cette unique lecture. Finalement, le problème vient-il du système en lui-même ou de l’homme corrompu ? Alors que les règles ont été établies dans un certain esprit moral, celles-ci sont détournées par l’avidité.
Il n’y a pas une vérité générale dans tout ce marasme. Enfin si, peut-être une seule, pour être libérée de ce poids, Nawal doit être enceinte d’un garçon. Une attente comme un signe divin pour contrecarrer les règles religieuses la privant de tout.
Trahi par son titre d'exploitation en français ( la traduction de son titre original serait plutôt " mon Dieu, un enfant !", ce film en provenance de Jordanie mérite pourtant d'être vu.
Présenté à la SC ( cannes 2023), ou il est reparti sans récompense, " inchallah..." est le portrait d'une femme devenue soudainement veuve et qui se retrouve à lutter contre sa belle famille pour se maintenir dans son appartement avec sa fille.
Le scénario à tiroirs ( c'est le point fort du film) aborde plusieurs pistes qui enrichissent peu à peu le propos. C'est aussi l'occasion pour le cinéaste d'inviter à une réflexion sur la place réservée aux femmes dans le système juridique du royaume de Jordanie.
Le système soit disant d'entraide intra familial en prend pour son grade. On se donne parfois du " ma sœur", qui ne correspond en réalité qu'à l'expression d'une profonde toxicité plus qu'à un sentiment bienveillant ou solidaire.
On peut aussi voir dans ce titre, une forme de valorisation du courage, de l'abnégation et un appel à ne pas baisser les bras.
Malgré ses indéniables qualités, le niveau de maitrise de la mise en scène n'atteint toutefois pas celui des Iraniens Farhadi, Roustaee ou Rassoulof.
Ce film jordanien qui retrace les difficultés familiales d’une jeune épouse à la suite du décès brutal de son mari est très prenant. On suit ainsi tout au long du film les galères qu’elle endure face aux institutions mais aussi à sa propre famille. Elle affronte avec beaucoup de courage et d’abnégation toutes ces épreuves de la vie. Le réalisateur nous restitue avec talent tout cela à l’écran et nous permet de découvrir les particularités de ce pays. C’est bien scénarisé et on suit avec beaucoup d’intérêt ce film.
La vie des femmes en Jordanie est guère enviable. La démonstration est ici édifiante, et suscite évidemment notre compassion. Les intentions qui justifient ce film ainsi que son contenu "documentaire" sont tout à fait louables, mais la réalisation cinématographique n'est pas convaincante. Le scénario s'étire, manque de rythme. Les scènes se répètent et le message est lourdement appuyé. Ses faiblesses finissent par créer de l'ennui et par nous éloigner de la cause portée par ce film.