Chinois…
Ce drame d’Anthony Chen a été présenté dans la sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023. Ce réalisateur chinois connaît bien la Croisette puisqu’il y a reçu la Caméra d’Or pour son 1er film Ilo Ilo en 2013. Un drame de 97 minutes d’une grande beauté mais qui s’appuie sur un scénario étrange dont on ne comprend que difficilement les tenants et les aboutissants. C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana, une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao, un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai.
Il y a là, avant tout, un désir de comprendre l’esprit de la génération actuelle des jeunes Chinois. D’emblée, pour nous, pauvres européens, il y a beaucoup d’éléments coréens dans le récit, la moitié de la population de Yanji étant d’origine coréenne et parlant coréen. Si cet élément semble important pour les protagonistes, ce dont je ne doute pas, ça reste mystérieux pour le français que je suis. On comprend juste que le mélange des deux cultures correspond d’autant plus aux thèmes explorés par le film que ces jeunes personnages sont tous à la recherche d’un sens de l’identité et qu’ils se retrouvent tous dans ce pays semi-étranger. Sur ces thématiques éloignés de nous, s’installe un triangle amoureux plus classique entre trois grands neurasthéniques, ce qui ne rend pas l’évolution de l’histoire très facile. Sans compter certains plans dont je n’ai absolument pas compris l’utilité… dont le tout dernier. Mais à part ça, quelle beauté des images, des paysages et des visages qui nous plonge comme dans un recueil d’estampes asiatiques plus splendides les unes que les autres. Quand je vous dis que tout, ici, est chinois dans toutes les acceptions du terme.
Les trois acteurs qui occupent l’écran, Zhou Dongyu, Liu Haoran et Chiuxiao Qu, sont excellents et c’est à travers leurs regards qu’on découvre une Chine provinciale moderne inédite. Guérison, quête d’identité, sont les thèmes principaux de ce récit initiatique à trois voix. Une douce mélancolie, une grande sensibilité, dans une sorte de Jules et Jim asiatique. Mais à trop jouer sur la perplexité, on reste un peu sur le bord des magnifiques chemins enneigés du Jilin. Beau mais abscons.