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2 abonnés
8 critiques
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4,0
Publiée le 31 octobre 2023
Portraits Fantômes est un film emprunt d'une belle nostalgie, un film résultant de la gentrification des villes. Kleber Mendonça Filho nous emmène dans les mémoires des salles de cinéma avec son personnage du projectionniste et illustre la vision de la culture au Brésil (et ailleurs...) au gré des mutations politiques, grâce aux sublimes archives. J'ai beaucoup aimé le film car il fait voyager et nous pousse à observer le monde dans un prisme critique, il pose de vraies questions et force la réflexion. C'est plein d'intelligence. Audacieux et fort, il faut y aller!
Depuis son premier long-métrage de fiction, Kleber Mendonça Filho montre son attachement viscéral à Recife, capitale de l'État du Pernambouc au Brésil. Il n'est pas étonnant de retrouver la ville natale du cinéaste au centre de Portraits fantômes, un documentaire parfois déconcertant par le mélange de ses sources, ses propres films amateurs, les documents consacrés à l'appartement où il a vécu avec sa mère, ou encore les archives montrant l'évolution architecturale de Recife. Le film est nostalgique, mélancolique et un peu hétéroclite, aussi, qui embellit sans doute le passé au tamis de la mémoire, qui correspond à la jeunesse du réalisateur et à la naissance de sa vocation. Portraits fantômes parle aussi du Brésil, avec ses années de dictature, la montée des violences et la désagrégation du lien social mais ces aspects ne sont pas dominants dans un film qui peut se voir comme une sorte d'autobiographie ou une lettre d'amour envoyée à Recife. Sans oublier, bien sûr, l'évocation des salles de cinéma mythiques de la ville, presque toutes disparues et remplacées par des enseignes commerciales. Quant aux fantômes dont il est question dans le titre du film, qui apparaissent sous différentes formes, ils n'ont rien d'effrayant mais participent au contraire pleinement à la bienveillance de ce portrait intime sous forme de mosaïque narrative.