« Je fermerai le cinéma avec une clef de larmes » : le réalisateur brésilien de « Aquarius » et « les bruits de Recife » trace ses « portraits fantômes » comme un puzzle qui se complète progressivement et où se mêlent la petite histoire (l’appartement familial avec un émouvant hommage à sa mère historienne), la moyenne histoire (l’évolution de sa ville, Recife, avec la décrépitude du centre-ville et surtout la disparition des anciens cinémas, cœur du film), et la grande Histoire (la succession des régimes militaires au Brésil, dont celui de Vargas dans les années 1930 et son lien avec l’Allemagen nazie). « La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un mortel ». Tous ces fantômes, qui surgissent en arrière-plan d’un documentaire, ou sur une photographie au tirage flou, ou encore le vieux projectionniste, magnifique personnage, les passants fixés pour l’éternité, ne se résument pas à une évidente nostalgie : dans une superbe séquence, grâce aux moyens propres au cinéma, apparaît clairement que les fantômes ne sont pas les seuls capables à se rendre invisibles. Sensible et intelligent pont jeté entre le passé et le présent - des hommes, des villes, du cinéma lui-même. Et on y apprend tellement de choses !