La Fleur de Buruti éclot dès les premières minutes de ce très beau (et triste) documentaire sur le génocide des peuples forestiers du Brésil par les entrepreneurs de l'agro-alimentaire et les braconniers qui pillent leurs terres... Il est davantage question d'une œuvre "semi-fictionnelle", qui rejoue les scènes du quotidien d'une tribu, mais l'impact n'en est pas moindre, on sait que tout est vrai, retranscrit sans fausse dramaturgie, et on s'émeut de voir le perroquet entassé dans un sac à dos (dont les œufs ont été volés...), on retient des jurons furieux face au massacre des femmes, hommes, vieillards et enfants au fusil à pompes (ou à la machette), on ne sait plus s'il faut encore croire à l'intelligence humaine quand on voit que les associations, l’État, absolument tout le monde, sont impuissants face au génocide. Que reste-t-il à ces peuples pacifiques, pour se faire entendre ? Des manifestations, et quelques réalisateurs émus par le sujet, comme ceux qui signent ce bouleversant Crowra (La Fleur de Buruti). C'est peu, bien peu, pour sauver des vies humaines, mais l'attention qui sera portée par les spectateurs, le défilé politique des chefs aux plumes bigarrées sur le tapis de Cannes, le Prix d'Ensemble remis à l'occasion de la compétition Un Certain Regard, la découverte de ce fait de société intolérable, est un premier pas vers la paix. On veut croire que ce père de famille si doux, que cette femme qui accouche entourée de la bienveillance féminine (un magnifique moment, où l'on verse une larme pour une autre raison que la tristesse), que ce chef à l'âge canonique qui chantonne en boucle sa musique lancinante (qui nous berce dans un ailleurs agréable), on veut vraiment croire, qu'ils deviendront les figures de paix du Brésil de demain. Assez, de cette fleur rouge sang.