Avis sur Solo

Avec son nouveau long-métrage, Sophie Dupuis propose une immersion dans la scène drag de Montréal, mais surtout au sein d'une relation toxique. Lorsqu'il rencontre Olivier, Simon est un garçon plein de vie dont l'énergie et la joie de vivre sont communicatives. Alors qu'il est sur un petit nuage, il commence à déchanter petit à petit suite à de petites remarques et critiques assassines adressées par son compagnon. C'est d'abord subtil pour coller à l'état d'esprit de Simon qui est aveuglé par son bonheur, mais ça devient plus acerbe et donc impactant émotionnellement. Pour un film sur ce sujet, j'ai trouvé cette relation très superficielle et souvent clichée. Heureusement qu'il y a le très bon Théodore Pellerin dont la performance apporte la subtilité que l'on ne retrouve pas dans le scénario avec sa fraîcheur qui s'estompe progressivement. C'est dommage d'avoir une histoire si peu engageante et finalement jamais à la hauteur du casting. Bref, un film moyen, mais regardable.

Oui il y a beaucoup de grosses ficelles au niveau du scénario mais l’entièreté du casting chaussent parfaitement leurs rôles

La mise en scène est sublime, le récit surprenant, passionnant, important et bien mené et les acteur.trice.s merveilleux. L'ensemble est excellent.

Un film très sensible sur l'univers canadien des Drag queens. C'est une tranche de la vie d'un de ces artistes, et en particulier d'un homosexuel, avec ses doutes et ses problèmes d'identité.
Évidemment, ce film ne pourra jamais plaire à tout le monde : c'est vraiment un marché de niche. Et une note de 2,5 ne m'étonne pas. Mais on voit le personnage évoluer dans sa tête et c'est tout l'intérêt de ce film.
Il est évident que ce genre de film aura des tonnes de détracteurs, ne serait-ce qu'à cause du sujet abordé.
Je ne connaissais quasi pas le monde des drag queens, (entres autres par l’exubérance forcée de ses membres qui est pour moi un repoussoir !), mais j'ai apprécié ce film qui ne cherche pas à faire du militantisme, et filme juste la vie quotidienne côté scène et côté personnel d'une drag queen, bref qui ne fait pas dans le "too much" ou l'idéalisation.

Oui Théodore Pellerin crève l'écran, il est magnifique et magnétique dans ce rôle ...du jeune qui apprends à composer avec ses émotions et ses besoins émotionnelles. Les scènes de drague sont très bien réussies. Personnellement quelques petites longueurs mais sans doute parce que je suis trop vieux et expérimenté pour redécouvrir...les signes de relations toxiques...Felix Maritaud est aussi très bon dans son personnage de séducteur en relation toxique...il y a la tête de l'emploi ...on le déteste rapidement malgré son talent. Anne-Marie Cadieux rend très bien son rôle de mère artiste qui a choisi sa carrière.

Sophie Dupuis est indéniablement une jeune cinéaste québécoise avec laquelle il faudra assurément compter et son troisième film le prouve avec brio et majesté. La réalisatrice change à nouveau de registre après le magistral thriller dramatique et familial sous tension « Chien de garde » et l’étouffant, palpitant et tragique film catastrophe « Souterrain » qui revenait sur les mineurs pris au piège d’une mine en Abitibi. Ici, elle nous propose d’entrer en immersion dans un microcosme singulier, celui des drag-queens montréalaises. Mais dans « Solo », un film en cache un autre et l’intéressante et juste chronique de ce milieu est supplantée par quelque chose d’encore plus fort : une histoire d’amour toxique entre un jeune québécois naïf et sensible et un jeune français récemment immigré au Québec qui a toutes les caractéristiques du pervers narcissique. Méticuleusement, Dupuis décortique les mécanismes de l’emprise et de l’humiliation par un amour tout sauf sain.

Et sur les deux pans de son « Solo », la cinéaste frappe juste, bien et fort. Si le milieu de ces cabarets transformistes est dépeint avec justesse sans sombrer dans la caricature suite à ce que l’on suppose un travail de documentation conséquent, il brille plus par la mise en scène des shows que dans la peinture réelle de ce milieu. En effet, puisqu’hormis le couple vedette, on ne verra que leurs collègues au cabaret qui sont conformes aux personnages qu’ils jouent dans leur show sur scène. Pas caricatural puisque c’est un peu le fond de leur art mais pas creusés puisque toute l’attention est sur les deux protagonistes principaux et leur relation. En revanche, les shows qui sont un peu l’ossature du montage et alternent avec les moments intimes hors du cabaret sont beaux et le dernier avec le fameux solo de Théodore Pellerin est magnifique. Tel un Phoenix qui renaît de ses cendres il conclut « Solo » sur une belle note d’espoir même si la fin est un peu abrupte.

C’est d’ailleurs l’acteur qui irradie encore une fois l’écran et se révèle comme l’un des comédiens québécois les plus doués et prometteurs de sa génération. Après le brigand violent et sanguin de « Chien de garde » et le jeune accidenté et handicapé physique de « Souterrain », Dupuis fait faire à son comédien fétiche un nouveau grand écart parfaitement négocié dans le rôle de cette jeune drag-queen. Il a pris le rôle à bras le corps et sa crédibilité est toute acquise. Mieux, il nous transperce le cœur et disparaît derrière ce personnage pas facile sans jamais tomber dans le cliché. Les autres acteurs feraient presque pâle figure à ses côtés. Le drame qui se noue petit à petit et la manière dont l’emprise et la dépendance toxique se créent est admirablement rendue et fait froid dans le dos. On n’assiste pas à une histoire d’amour mais à une destruction de l’amour propre d’une personne par la frustration d’une autre.

On pourra trouver tout de même que le film se pare de facilités sur certaines scènes (l’engueulade au cabaret), l’impossibilité du numéro devant la mère et deux personnages qui auraient mérité d’être un tantinet plus nuancés. On pense à celui de Félix Marithaud dont les manipulations sont montrées un peu avec de gros sabots et la mère absente qui figure presque le cliché de... la mère absente. Mais c’est léger et la belle relation avec la sœur est à contrario parfaitement rendue. Ceux venus pour voir le milieu des cabarets à drag ne seront pas déçus pour autant puisque les deux tiers du film y trouvent leur décor et on échappe à certains clichés, comme la manière dont les drogues récréatives sont dépeintes dans ce milieu. Mais c’est cette relation malsaine qui fait froid dans le dos qui nous captive au final le plus dans « Solo ».

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