Un spectateur d'une pièce de théâtre fait ce qu'on n'ose jamais faire : se lever et dire tout haut que le spectacle est nul, et se donner en spectacle, en quelque sorte. Le spectateur devient acteur, et les comédiens spectateurs de ce Yannick dérangeant. L'idée de départ aurait pu être bonne, même si le procédé n'est pas inédit. Malheureusement, c'est quasiment la seule bonne idée du film, et il vous faudra tenir plus d'une heure avec ça.
Chaque scène est interminable, voir Yannick (ou Patrick, je ne me rappelle jamais de son nom)
taper avec un doigt toute une pièce de théâtre sur un malheureux PC
, on pouvait pas faire plus court ? Seul rebondissement, lorsque un comédien
arrache le revolver de Yannick et se révèle finalement plus dangereux
. Mais on se demande finalement où veut en venir le réalisateur, il va dans toutes les directions sans en approfondir aucune. Critique de l'art ? Ça ne va pas très loin. Critique sociale ? C'est tellement consensuel et caricatural que ça n'apporte pas grand chose. Satyre psychologique ? Ça aurait pu, mais non, encore raté (à part la fameuse réplique :
"Si tu nous sors de là, je couche avec toi"
). Restent les acteurs, seule réussite du film.
C'est donc le film d'une pièce de théâtre nulle, première mise en abîme. Et lorsque vous, spectateur, vous vous demandez s'il faut partir ou rester, c'est une double mise en abyme. Et pour peu que ma critique d'un film nul d'une pièce nulle soit nulle aussi, on sera dans Inception.
Déjà vouloir faire rire avec une prise d'otages, et vouloir rendre le preneur d'otages sympathique, fallait oser. J'aurais préféré, et c'était moins invraisemblable,
qu'il revienne du vestiaire sans son arme
. Voilà que je fais du Yannick, à vouloir réécrire le film. En même temps, c'est l'occasion où jamais. Allez, je vous fais trois variantes du film, même si je ne suis sans doute pas plus doué que Yannick :
1) Yannick revient du vestiaire sans son arme et se fait huer par les spectateurs. Mais petit à petit, il entame une vraie réflexion sur le théâtre, art ou divertissement, et tel "12 hommes en colère", il arrive à convaincre les spectateurs qui finissent par jeter des tomates aux comédiens.
2) Au moment où les comédiens saluent le public, Yannick monte sur scène et salue aussi, tout ça n'était que du théâtre. Mais les policiers du RAID entrent, prévenus par le monsieur du fond qui est parti avant, et flinguent le supposé preneur d'otages. Puis le mort se relève et les trois comédiens, Yannick et les policiers saluent le public, rideau.
3) A la fin, le réalisateur (du film, pas de la pièce) entre en scène et s'adresse aux spectateurs (nous), nous invite à nous lever et à discuter de l'art, du théâtre, des films.