Dans le cinéma français, 2023 sera incontestablement l'année de Raphaël Quenard. Portant le sympathique et scorsésien "Cash" sorti en streaming. Petit mais important rôle dans le drame humain "Je verrai toujours vos visages". Ou ambigu et oppressant dans le très bon "Chiens de la Casse". Et encore, je ne cite que ceux que j'ai vu, sa fiche wikipedia faisant état de 8 long-métrages pour 2023 !
Pour couronner le tout, sort en plein été le dernier film de Quentin Dupieux, tourné en quelques jours en huis-clos et en secret : "Yannick". Une stratégie intrigante mais payante, "Yannick" ayant réalisé plus de 400 000 entrées, sans doute de quoi lui assurer une bonne rentabilité.
On y suit donc Yannick, gardien de nuit qui s'énerve en découvrant une mauvaise pièce de théâtre de boulevard. Saisissant son arme, il décide de prendre en otage le public et les acteurs, pour faire jouer une pièce à sa sauce.
Il s'agit là encore d'un film reposant beaucoup sur Raphaël Quenard. Avec sa manière de parler si distincte, et ses émotions troubles, l'acteur parvient de manière bluffante à jongler en permanence entre l'ahuri dépassé (le cliché du plébéien inculte), le bon pote qui ose dire ce qu'il pense, et le tortionnaire flippant.
Néanmoins, les autres ne sont pas en reste, dont surtout Pio Marmaï en comédien excédé par le procédé.
Sur l'écriture, "Yannick" va à l'essentiel, durant moins de 1h10. Quelques situations amusantes et bonnes répliques, mais surtout des thématiques pleinement d'actualité. Le rôle des critiques, le rapport des artistes au public, et la "prise d'otage" que constitue le cinéma en général, les spectateurs étant contraints de subir le film qu'ils ont choisi. A ce niveau, la durée très courte est un joli pied-de-nez aux grosses productions de ces dernières années, qui ont tendance à facilement dépasser les 2h30...
En revanche, l'absurde cher à Quentin Dupieux ne sera finalement pas si présent.
Je suis même étonné par la fin, issue finalement la plus plausible et réaliste, alors que j'imaginais d'autres situations plus rocambolesques. Telles que le "tout était joué depuis le début" pour tenter de faire réagir le public. Ou le personnage de Pio Marmaï, haï du public, qui se retrouve jugé responsable de la prise d'ôtage. Mais non, ça se termine par un simple assaut de la BRI...
A l'arrivée, un film plaisant et rafraichissant. Quant à Raphael Quenard, l'avenir nous dira s'il s'agit d'un simple effet de mode, ou de l'un des futurs grands du cinéma français...