Yannick, un spectateur venu de Melun, interrompt un très mauvais vaudeville, «Le Cocu», qui est en train de se jouer dans une salle parisienne loin d'être remplie.
Voyant le dédain dont il est victime face à cette interruption imprévue, il décide de prendre la salle et le spectacle en otage.
Ce nouveau film de Dupieux me réconcilie en grande partie avec son cinéma, ses 3 précédents films, trop précipités dans leur production (il faut tourner un truc à tout prix, même si cela n'a pas grand-chose à raconter), et se résumant trop souvent à des œuvres à concept et/ou une succession de scénettes plus ou moins drôles, m'ayant toujours laissé un goût d'inachevé.
Ici, il y a une vraie histoire à raconter et l'auteur-réalisateur va la mener à son terme.
Dans ce huis clos théâtral et satirique, sorte de mise en abyme de notre propre place en tant que spectateur, on interroge les attentes, les frustrations et le rapport du public à l'artiste, et inversement.
C'est quoi le théâtre (et l'art en général), c'est quoi avoir accès facilement à cet art (ou pas), c'est quoi partager une histoire et faire en sorte que le contact ne soit pas rompu avec le public à qui l'on veut partager celle-ci ?
Des questionnements qui me parlent forcément, en tant que spectateur, comme en tant qu'artiste.
Et des questionnements qui sont traités plutôt intelligemment en filigrane dans cet objet pas si absurde que ça, et dans lequel représentation et vérité viennent se confronter, à l'endroit même qui est fait pour échapper au quotidien, au réel.
Un film pouvant compter sur de bons dialogues, et surtout un casting irréprochable. Pio Marmaï et Blanche Gardin jouent impeccablement mal/bien. Et l'excellent Raphaël Quenard confirme, encore une fois, tout le bien qu'on pense de lui, à l'image de son personnage qui finit par se mettre dans la poche le même public qu'il a pris en otage.
Bref, un Dupieux moins perché et plus profond que d'habitude, et que je vous invite à découvrir si vous en avez l'occasion.