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Santu2b
248 abonnés
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3,0
Publiée le 11 mars 2020
En 1949, l'étoile montante Kirk Douglas, alors au tout début de sa carrière, choisit de tourner dans le modeste long-métrage "Le Champion" au lieu d'une superproduction proposée par la MGM. Le film est un succès inespéré qui révèle l'acteur, surtout connu à l'époque par le biais de seconds rôles. Le cinéaste est Mark Robson, ancien collaborateur de Jacques Tourneur dont la suite de carrière restera modeste. Comme on s'en doutait, "Le Champion" vaut uniquement pour la présence de Kirk Douglas. L'acteur crève littéralement l'écran et met en lumière un talent inoui. Pour le film en lui-même, "Le Champion" n'est qu'une banale histoire d'un boxeur égoïste et rongé par l'ambition. L'ensemble reste sympathique mais reste sans surprise et accumule les péripéties attendues. On retiendra surtout de ce film qu'il fut celui qui lança la carrière de Kirk Douglas.
Quand il entame le tournage du "Champion", en 1949 Mark Robson a surtout œuvré dans le domaine fantastique au sein de la RKO , tout d'abord comme monteur pour Jacques Tourneur sur "La Féline" (1942) et "Vaudou" (1943) mais aussi pour Orson Welles sur "La splendeur des Amberson". Passé à la réalisation, il a à son actif quatre films qui sont de très belles réussites qui permettent entre autres à Boris Karloff de retrouver un peu de son lustre ("L'île des morts" en 1945 et "Bedlam" en 1946) . Les films sur le milieu de la boxe ne sont pas légion à l'époque, le plus célèbre d'entre eux restant le très larmoyant "Champion" de King Vidor avec Wallace Berry sorti en 1931. "Sang et or" de Robert Rossen sorti deux ans plus tôt semble marquer un réveil du genre car en 1949 sortira également le somptueux "Nous avons gagné ce soir" de Robert Wise. Deson côté, Kirk Douglas en seulement quelques films depuis 1946 est devenu l'acteur qui monte . Son physique d'athlète et son expressivité n'ont aucun mal à l'imposer pour le rôle de Midge, jeune désœuvré à la recherche avec son frère handicapé (Arthur Kennedy) d'un avenir meilleur. Le scénario écrit par Carl Foreman et Ring Lardner (journaliste sportif), s'intéressespoiler: à la soif de revanche inextinguible qui meut Midge, le poussant à renier tous les principes moraux qui l'animaient quand il était encore un inconnu . Carl Foreman qui sera inscrit sur la liste noire quand sévira le sinistre sénateur McCarthy quelques années plus tard, ne se gêne pas pour dénoncer la corruption qui gangrène le milieu de la boxe et les ravages que l'argent et la soif de reconnaissance peuvent générer sur les boxeurs eux-mêmes. Si la crédibilité du propos initial peut-être contestée en partie à cause de l'ascension peu probable d'un jeune homme de près de trente n'ayant jamais pratiqué le noble art, la transformation qui s'opère sur la personnalité de Midge détruisant tout autour de lui fascine particulièrement grâce au savoir-faire de Robson qui n'hésite pas lors des combats à se faufiler jusqu'aux limites du fantastique qu'il connait bien. Kirk Douglas n'est pas en reste, étant particulièrement convaincant même s'il appuie encore un peu trop quelques effets. Arthur Kennedy , Paul Stewart et Ruth Roman sont particulièrement efficaces pour accompagnerspoiler: cette descente aux enfers d'un champion n'ayant plus que la rage aux lèvres .
Un film étouffant centré sur le personnage de Midge dont l'ascension fulgurante a des effets détestables sur son entourage. Il devient froid calculateur et sans cœur. Un bon film avec Kirk Douglas formidable dans son ambition démesurée. Quelques moments assez forts et une dernière partie, qui cependant se laisse deviner, toute en tension et complètement recentrée sur le boxeur avec ses nombreux gros plans.
Dans bonne tradition des films dramatique sur la boxe avec un boxeur tout de même plus intelligent que la moyenne mais rongé par le désir de revanche sur la société. La première étape du film qui aurait pu donné au reste une véritable force est quelque peu manquée, même si cela ne se remarque pas tout de suite, et au final le personnage joué par Douglas ne nous touche pas vraiment.