Victimes du système
J’avais découvert le franco-tunisien Mehdi M. Barsaoui en 2019 avec l’excellent Un fils. Ce drame mâtiné de thriller, même s’il ne m’a pas entièrement convaincu, reste un bon film Aya, la vingtaine, vit encore chez ses parents dans le sud de la Tunisie et se sent prisonnière d'une vie sans perspectives. Un jour, le minibus dans lequel elle fait quotidiennement la navette entre sa ville et l'hôtel où elle travaille s'écrase. Seule survivante de l'accident, elle réalise que c'est peut-être sa chance de commencer une nouvelle vie. Elle se réfugie à Tunis sous une nouvelle identité, mais tout est bientôt compromis lorsqu'elle devient le principal témoin d'une bavure policière. Une fois de plus, Barsaoui a le courage de s’attaquer de front à la corruption, la violence et les magouilles de l’état tunisien dont la devise Liberté, Ordre, Justice, est bafouée tous les jours par les hommes du système mis en place par Kaïs Saïed, tenant du conservatisme moral et religieux. Le printemps arabe de 2010 est décidément très loin.
Ce thriller n’est pas mal construit et interprété. Là où le bât blesse, c’est dans le rythme. Trop de répétitions, trop de dialogues superflus, certaines scènes - surtout en boîte de nuit -, trop longues, un montage à la serpe – en particulier le tout dernier plan -, bref beaucoup d’erreurs techniques ou de construction qui nuisent à l’intérêt que l’on peut porter à cette histoire pourtant édifiante sur la Tunisie d’aujourd’hui. D’autant que l’héroïne n’est pas vraiment sympathique ce qui fait que le manque d’émotion risque fort de plomber un tantinet l’intérêt du spectateur.
Côté casting, rien à dire pour les 1ers rôles Fatma Sfar, Yassmine Dimassi, Nidhal Saadi, Hela Hayed très convaincus à défaut d’être toujours convaincants. Par contre les prestations des seconds rôles sont plus que faiblardes. Mais malgré mes réserves, il faut reconnaître que ce drame a un mérite : nous montrer que derrière la vitrine moderne de la Tunisie, se cache une réalité complexe.