A quoi rêvent certaines jeunes femmes d'aujourd'hui ? Pas au Prince charmant, c'est sûr, mais à une réalité augmentée de leur existence, avec un corps modifié, des nuées de followers, l'espoir de devenir influenceuse et, avant cela, le piédestal de la télé-réalité, cet étonnant miroir aux alouettes moderne. Il y a une forme d’ambiguïté dans Diamant brut, qui en fait d'ailleurs l'intérêt : la réalisatrice, Agathe Riedinger, nous rend son apprentie à la notoriété des réseaux autant attachante, de par sa vitalité et son énergie, que pathétique, avec son obsession de standards plastiques qui paraissent bien grotesques et vulgaires. La balance penche plutôt du second côté, en définitive, mais le film nous laisse libre de forger notre propre jugement. Le milieu social dans lequel vit la jeune héroïne (Malou Khebizi est très convaincante) est sans doute assez convenu, avec une mère démissionnaire, à mille lieux des aspirations de sa fille, mais le film conserve dans la continuité toute son âpreté et ne fait aucune concession à une quelconque joliesse. En ce sens, il est presque plus britannique que français, quoique certains cinéastes d'ici, à commencer par Maurice Pialat, ont démontré dans le passé qu'empoigner la réalité, sans prendre de gants, ne leur était pas étranger.