Maryline du XXIème siècle
1er film pour la jeune cinéaste et scénariste Agathe Riedinger. 103 minutes de drame social très dans l’air du temps. De la bonne volonté hélas inaboutie. Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ». Le pathétique le dispute à l’ennui. Difficile d’accrocher aux problématiques de ces jeunes. Peut-être suis-je trop vieux. En tout cas, ça ne fait pas rêver.
La fascination pour les strass et les paillettes, l’obsession du paraître, du vedettariat – ici à travers la télé-réalité et les réseaux sociaux -, voilà ce qui nourrit le scénario de ce film poisseux et répétitif. Pourtant la cinéaste déclare dénoncer : le mépris de classe, l’hypersexualisation de la femme et le sexisme qu’elle affiche, la culture du viol qu’elle alimente, les valeurs conservatrices et ultra- consuméristes qu’elle prône. C’est très noble et même d’utilité publique, mais, voilà, ce n’est pas le concept de ce type de programme qui est ici mis à mal, mais les candidates ridiculisées. Le choix du 4/3 ajoute au sentiment d’enfermement, - physique et mental – de l’héroïne, qui, au demeurant, se révèle parfaitement antipathique. Avec ce titre, Agathe Riedinger avait l’idée d’un joyau non encore révélé, pas encore taillé. Eh bien, ce n’est qu’une ébauche, car il faudra tailler encore pour parvenir le grand public.
La jeune Malou Khebizi en fait des tonnes dans son rôle de bimbo mal dégrossie. Je l’ai dit, on aimerait compatir, ou au moins comprendre, cette jeune fille qui est sans doute à l’image d’une certaine partie de notre jeunesse. Pas quoi nourrir le moindre optimisme. Andréa Bescond, une des seules professionnelles du casting, fait ce qu’elle peut dans ses rares apparitions pour sauver les meubles. La petite Ashley Romano est terrifiante de vulgarité. – Est-ce un rôle de composition ? Le doute est permis -. Le seul a surnagé est le jeune Idir Azougli qui dégage une sincérité qui fait du bien dans cette marée de superficialité, voire d’obscénité. Mais savoir que c’est ce monde-là qui menace nos enfants et petits enfants, ça fait très peur.