Si le quotidien d'un nettoyeur de toilettes publiques, à Tokyo, vous passionne, alors les 30 premières minutes de Perfect Days, sans dialogues à signaler, vous ravira. Le film n'en restera pas là, bien heureusement, et la vie routinière de ce Monsieur Propre japonais est évidemment de celles qui donnent envie d'en savoir plus sur ce personnage énigmatique, au-delà de sa personnalité volontairement non-moderne, attachée aux livres, à la photographie argentique et aux cassettes de musique des années 60 et 70. Ce qui permet, au passage, au gré de balades dans un Tokyo familier à Wim Wenders, de réécouter Patti Smith, Lou Reed, Van Morrison ou les Kinks. Le héros de Perfect Days, atypique, est de ceux que l'on apprend à aimer, de par sa grande humanité, sa compréhension silencieuse des autres et son sourire irrésistible. Qu'il ait vécu une autre vie avant, avec des traumatismes, est une évidence, mais qu'importe ce qu'a été cette existence, celui qui nous émeut est l'homme qu'il est devenu. Portrait sensible d'un marginal (pour certains) et d'une ville fascinante, Perfect Days distille une certaine idée du bonheur, à l'ancienne dira t-on, en tous cas déconnectée des valeurs dominantes de la société capitaliste, et fondée sur les capacités d'observation et d'émerveillement. Au centre de cette leçon de simplicité et de paix se trouve l'immense Kôji Yakusho, prix d'interprétation masculine, ô combien mérité, à Cannes.