Figure éminente du renouveau du cinéma allemand des années 70 avec Fassbinder, Herzog, Schlondorff, Shroeter, Von Trotta, Wenders est l'auteur d'une filmographie dominée (selon moi) par deux titres majeurs ("Alice dans les villes" et " les ailes du désir").
Cinéaste voyageur dont le thème de l'errance parcoure l'oeuvre, il revenait à Cannes (2023) en CO ou " perfects days" obtenait le prix d'interprétation masculine.
On sait que Wenders est un amateur de la musique américaine des années 60 et 70 et le titre est bien sûr tiré de la chanson éponyme de Lou Reed.
Proche du documentaire, " perfect days" est le portrait d'un homme d'âge mûr ( l'action se déroule à Tokyo), agent d'entretien, dont on comprend qu'il s'est éloigné d'une famille bourgeoise, sorte de Diogène dans son tonneau, dont le travail socialement peu valorisant mais qu'il accomplit avec sérieux, la solitude, ne l'empêchent pas d'être heureux.
Il trouve ses sources de bonheur dans la lecture, la contemplation de la nature, la photo, la musique rock ( Van Morrison, Patti Smith, Otis Redding, Nina Simone, Lou Reed, The Animals)
WW propose le portrait d'un amoureux de la vie, personnage en phase avec une sorte de philosophie épicurienne ( évidemment pas pris dans le sens vulgaire ou commun, mais au sens de frugalité, de simplicité)
Bercées par " I'm feel good" de Nina Simone, les dernières images montrent, alors que le jour se lève, le sourire du personnage principal, brièvement effacé par un voile de tristesse ( la tragédie de la vie et du monde est présente dans son esprit) mais la joie demeure.
La seconde partie comporte les scènes les plus émouvantes ( la visite de la nièce et celle de la sœur notamment) dans un film intimiste ou là monotonie et le caractère répétitif donne une certaine austérité. Wenders propose une réflexion existentielle qui ne laisse pas indifférent.