A perfect movie
Quand l’immense Wim Wenders nous fait un film japonais, il le parsème de chatoiements de soleil entre les feuilles d’arbres… en japonais Komorebi. Car, quand le réalisateur de Paris Texas, Les ailes du désir, Buena Vista Social Club, ou Le Sel de la terre, - à la lecture de ce florilège, on constate combien il aime voyager -, plante sa caméra au Pays du Soleil levant, ce ne peut être anodin. Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien. Une balade mélancolique de125 minutes d’une douceur feutrée, sur la quête de la beauté et du bonheur. Une merveille !
Pourquoi ce titre ? Parce qu’il est partagé par la chanson éponyme de Lou Reed, qui fait partie des K7 préférées du héros de ce film pas comme les autres. Je ne vous dévoilerai pas l’intrigue, il n’y en a pratiquement pas. Mais pourquoi avoir fait de son héros, un homme qui nettoie les toilettes publiques ? Dans la culture japonaise, les toilettes jouent un rôle tout à fait différent de notre propre vision occidentale de l'« assainissement ». Pour nous, en effet, les toilettes ne font pas partie de notre culture. Au Japon, ce sont de petits sanctuaires de paix. Et c’est justement le sens de la quête permanent de cet homme seul, taiseux, qui sait se contenter des minuscules plaisir de la vie. Il est d’une autre époque et cultive l’idée que chaque moment ne se produit qu'une seule fois, - je ne sais pas dire carpe diem en japonais -, et que les histoires quotidiennes sont les seules histoires éternelles. Une autre vision de l’avenir. Quelle douceur, quelle bienveillance, quel amour du contemplatif et du minimalisme… ! Rien que le long dernier plan vaut de voir cette pépite qui vous redonne le moral et l’envie de sourire à la vie.
Koji Yakusho, - un des grands acteurs nippon connu pour Doppelganger, Tokyo sonata, Third murder, Oh Lucy !... -, a reçu le Prix d’interprétation à Cannes – c’est la 8ème fois qu’un film de Wim Wenders est récompensé sur la Croisette -. Deux heures à l’écran où il apeu de choses à faire sinon imposer une présence étonnante. Immense acteur ! Autour de lui, gravitent de saynètes en saynètes, Tokio Emoto, Arisa Nakano, Aoi Yamada, et pas la d’autres. Soyons clairs, ce n’est pas à proprement parler un film d’action, c’en est même l’antithèse. Peu de dialogues, un rythme très lent, des scènes très répétitives, mais des images, des lumières en particulier les fameux Komorebi – cités plus haut -, qui subliment les nuits de notre personnage principal font de ce film une sorte de miracle, un moment de beauté pure suspendu. Amoureux du cinéma, vous tomberez sous le charme.