C’est propre, peaufiné, classique, c’est-à-dire ici d’une grande classe. Le cinéma qui reprend les fondamentaux du septième art, des thèmes archi rebattus, et nous persuade que c’est tout nouveau, de l’inédit dans les plans, le cadrage, le décor. Sur ce point Clint Eastwood n’a pas fait d’efforts, mais le si peu qu’il tend pour son récit , suffit à le confiner dans une position attentiste extrême, face au dilemme qui pendant deux heures nous retient à notre siège. Et à celui de Justin Kemp, juré d’un procès auquel il est aussi témoin. Sinon coupable, se demande-t-on au fur et à mesure que les événements lui reviennent à la mémoire, sous forme de réquisitoire, de plaidoyer, de conscience torturée… Loin du film de procès classique, encore moins banal , Clint Eastwood élève le propos au stade d’une inquisition personnelle , voire intime pour Kemp, ce futur jeune père de famille, au passé équivoque. C’est un grand film qui jusqu’à son épilogue nous laisse dans ce porte-à-faux douloureux, incertain, viscéral. L’affiche est elle aussi sans retouche , des comédiens et comédiennes qui s’accordent sur un même tempo, écrit avec brio sur une partition sans tache.
Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com