Étant probablement la dernière réalisation de Clint Eastwood, il ne fallait pas louper "Juré n°2". Non seulement par ce simple fait, mais également, car c'est un excellent film. Pourtant, le point de départ paraissait assez étrange sur le papier, et il semblait surtout très léger. L'idée de traiter de la culpabilité de notre personnage principal pouvait être intéressante, mais comment garder de l'intérêt pour cette histoire si l'on comprend rapidement cela ? En effet, le long-métrage ne cherche pas à créer de mystères, il met rapidement sa vérité en avant. L'intention n'est donc pas de la réfuter, mais de jouer avec ce postulat pour raconter quelque chose. Toute la thématique du film tourne autour de la justice américaine, en y reprenant l'un de ses principes forts, à savoir le concept des jurés. Et à partir de ce point-là, on va montrer les différentes failles de ce système, sans jamais le remettre en question malgré tout. Le film exprime longuement que celui-ci n'est pas parfait, sans être mauvais pour autant. Le but est simplement d'en montrer les principes les plus évidents, au travers d'une histoire qui va vraiment mettre tout cela à mal. L'exemple le plus flagrant étant clairement le personnage de Justin Kemp, qui montre l'impossibilité d'être objectif en tant que juré. Par notre parcours de vie, par notre vécu, nos croyances, etc... Celui-ci montre que l'impartialité est complexe, avec un cas poussé à l'extrême. Mais il n'y a pas que lui, car tout le jury est dans ce cas-là. Que ce soit Harold, qui va clairement essayer de se créer sa propre vision des faits, au-delà de ce qui est démontré pendant le procès. Que ce soit Keiko, qui, par son expérience de médecin, remet le constat du légiste en cause. Ou bien par l'intermédiaire de Yolanda, qui n'a pas envie d'être ici et qui veut simplement abréger cela. Mais ce que j'aime avec cette histoire, c'est qu'elle ne se limite pas qu'aux jurés, et elle pousse le propos bien plus loin. Cela se remarque notamment par le personnage de la procureure, qui est censé être garant de l'impartialité, mais qui n'agit que pour ses propres intérêts. Elle met un concept assez présent dans le système américain en avant, celui-ci ayant beaucoup de mal avec le principe de la seconde chance. Que ce soit notre héros ou l'accusé, ce sont deux personnes qui souhaitent bénéficier de cela, et l'histoire permet donc de réfléchir à ce point. Cela se fait pourtant bien plus du côté de Justin, qui aura un parcours vraiment intéressant durant le film. Même si on connaît son implication, le long-métrage réussit quand même à nous le faire apprécier, grâce à un développement vraiment intéressant et qui est loin d'être tout vu. Il résulte également de la bonne performance de Nicholas Hoult, qui, comme la totalité du casting, est excellent. Ce film ne s'appuie donc pas sur une histoire très impressionnante, ou sur une mise en scène tape-à-l'œil. Son objectif est de voir simple, pour mettre sa thématique en lumière. Ce n'est pas le projet qui m'a le plus impressionné au visionnage de cette année, mais certainement l'un de ceux qui m'a le plus fait cogiter. Pour conclure, merci monsieur Eastwood.