La Justice est-elle garante de Vérité ?
Malgré ses plus de 94 ans et ses 70 ans (!!!) de carrière le grand Clint Eastwood tient toujours sacrément bon la barre. Et s’appuyer sur le scénario virtuose de Jonathan Abrams III – qui n’avait pourtant rien montré jusque là sinon un naveton de compétition en 2013 – relevait de la gageure. Pari gagné. Maîtrise totale de son sujet, direction d’acteurs au cordeau, technique – en particulier le montage -, très affutée… 114 minutes de bonheur. Alors qu'un homme se retrouve juré d'un procès pour meurtre, il découvre qu'il est à l'origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer. Un sujet grave, important crucial : l’Amérique face à sa justice. Le grand Clint n’en finit pas d’interroger son pays, et ce, pour notre plus grand plaisir.
De la sélection des jurés aux ramifications politiques d’un procès, le scénario démonte avec une précision horlogère tous les engrenages de la justice américaine. Pas de tergiversation, le dilemme moral est très rapidement posé et met en scène un type banal, dans lequel chacun peut se reconnaître, et qui veut juste se comporter de manière éthique… mais peut-être pas jusqu’à… Et vous que feriez-vous à sa place ? Grande sobriété, émotion palpable, ressorts psychologiques puissants, le tout dans une sorte d’épure à faire pâlir d’autres vétérans d’Hollywood. Ce drame dépasse toutes les formes attendues du « film de prétoire ». Si Cry Macho, son précédent film proposait le chant du cygne d’un cavalier solitaire, un document mélancolique sur la vieillesse et la dégénérescence d’un corps, celui- ci est au contraire plein de vitalité. Et puis, le dernier plan vous laissera collés au fond de votre fauteuil… inoubliable !
Malgré ses 34 ans seulement, Nicholas Hoult, - repéré à son avantage dans Le Menu ou A single man, hante les plateaux télé et ciné depuis 1996 ! Malgré une filmographie plus que copieuse – dont j’avoue ne pas tout connaître -, c’est à coup sûr ici son meilleur rôle. Il y avait longtemps que je n’avais pas vu l’australienne Toni Collette autant à son avantage, depuis 2021 et Nightmare Alley. Citons les excellentes partitions de Zoey Deutch, Kiefer Sutherland, J.K. Simmons, Gabriel Basso, Cédric Yarbrough, dans un film d’acteurs tel que les a toujours aimés Monsieur Eastwood. Il est bon de dire, allons-y, cet opus 42 est sûrement son dernier… détrompez-vous, il y en a déjà deux autres qui n’attendent qu’à sortir sur nos écrans.