Le déroulement d’un procès est un incontournable du cinéma et de la télévision américaine. Clint Eastwood, qui avait déjà traité d’un innocent accusé à tort dans « Le cas Richard Jewell » (2019), réussit à renouveler le genre, tout en faisant le portrait de la justice, parfois imparfaite, avec une grande sobriété et sans effets de manche. D’où le générique commençant par le dessin d’une statue représentant la justice, femme aux yeux bandés et tenant une balance avec 2 plateaux. A partir d’un procès, à Savannah (Georgie), où Justin Kemp (le Britannique Nicolas HOULT), ancien alcoolique, futur père de famille, est nommé juré, et s’aperçoit qu’il est impliqué dans la mort d’une jeune femme dont le compagnon, ancien drogué, est soupçonné de l’avoir tué, le réalisateur ne fait pas un « remake » de « Douze hommes en colère » (1957) de Sidney Lumet (1924-2011) où le juré N°8 (Henry Fonda) cherchait à convaincre les 11 autres jurés de la non culpabilité d’un fils accusé de parricide, au nom d’un doute raisonnable. C’est plus une réflexion sur la culpabilité et le doute, dans le sillage de Fritz Lang [« La femme au portrait » (1944), « La rue rouge » (1945), « La femme au gardénia » (1953), « L’invraisemblable vérité » (1956)] et d’Alfred Hitchcock (1899-1980) [« La loi du silence « (1953), « Le faux coupable » (1956)]. Il est à rapprocher du film « Autopsie d’un meurtre » (1959) d’Otto Preminger (1905-1986). On y voit bien la partialité des jurés qui jugent, non pas objectivement, mais en fonction de leur vécu et de leur ressenti. Sans oublier le mélange des genres aux Etats-Unis où la procureur adjointe (l’Australienne Toni COLLETTE), équivalent de l’avocat général en France, roulant en Mercédès, brigue le poste de procureur de district (district attorney), fonctionnaire élu. A noter, parmi les jurés, J.K. SIMMONS, un ancien policier, qui jouait le professeur de musique despotique dans « Whiplash » (2014) de Damien Chazelle.