A 94 ans, Clint Eastwood continue d’écrire sa légende et affiche une filmographie tout aussi impressionnante en tant que réalisateur qu’en tant qu’acteur. Certes, dans ce parcours presque sans tâche, il y a parfois du moins bon, et le dernier « Cry Macho », plus faible et par certains côtés risible, laissait craindre d’en finir sur une mauvaise note. « Juré n°2 » est à nouveau un très bon cru, et Clint n’a pas jugé opportun de s’attribuer un rôle, ce que l’on peut saluer tant il frôlait la caricature de lui-même dans le précédent. Evidemment, le film s’inspire beaucoup de « 12 hommes en colère » de Lumet, peut-être un peu trop, mais on n’est pas ici sur un huis-clos. On alterne entre des scènes de tribunal ou de délibération, des flashbacks, quelques scènes familiales et quelques tentatives d’enquête en extérieur. Le tout est fluide, avec une réalisation propre et efficace. Ce qui fait l’originalité ici, c’est le parti pris de donner tout de suite l’identité du coupable, indispensable puisqu’il s’agit précisément du juré en question. Alors évidemment, on perd un peu en suspens, et même si c’était annoncé dans le pitch, on ressent une petite déception. Mais bien vite on comprend le véritable enjeu, le dilemme dans lequel se trouve le « héros » : sauver sa peau, ou celle de l’accusé ? Il se retrouve finalement dans le rôle
de celui qui fait douter les autres jurés, alors que le verdict « coupable » était acquis. Et plus il parvient à convaincre ses compagnons, plus il se met en danger.
Une certaine tension se met donc en place, avec quelques moments stressants pour le personnage et pour le spectateur. Au final, voilà 2 heures qui passent rapidement et sans ennui. Un dernier mot sur la fin : elle pourrait en rebuter certains, mais on retiendra le dernier plan, et notamment le regard de ce personnage très bien interprété par Nicolas Hoult, un regard qui en dit beaucoup.