Voici donc le nouveau, et potentiellement dernier film de Clint Eastwood. J’ai été extrêmement surpris de voir Warner décider de le sacrifier en ne le sortant que sur une cinquantaine d’écrans aux États-Unis. Un manque de respect inouï pour un cinéaste qui a tant apporté au cinéma et dont ce film est peut-être le chant d’adieu, pour cette légende du 7e art. Forcément, voir ce film expédié aux oubliettes pouvait faire douter de sa qualité. Mais même si ce n’est pas sa meilleure réalisation, il est loin d’être mauvais et aurait mérité de rencontrer le public en salle…
Le film brille déjà par son pitch surprenant : un homme se retrouve juré dans un procès pour meurtre et découvre rapidement qu’il est probablement à l’origine de ce crime…
Clint Eastwood aime traiter de personnages confrontés à des choix cornéliens, et il le prouve une nouvelle fois ici. Comme souvent, il en profite pour dresser un portrait des États-Unis, mettant le doigt sur les failles d’un système judiciaire qui, comme le dit l’un de ses personnages, « Ce n’est peut-être pas le meilleur, mais c’est le nôtre ».
Même si cela commence comme un film de procès assez classique, le sujet réel est le dilemme moral dans lequel se retrouve le protagoniste, qui doit choisir entre condamner l’accusé pour se protéger, l’innocenter au risque que l’enquête soit relancée, ou bien se livrer à la justice. Il livre ainsi un thriller moral où la tension repose non pas sur l’enquête ou les preuves, mais sur le fardeau de la conscience du protagoniste. Le film consacre une grande partie aux délibérations du jury, citant ouvertement le chef-d’œuvre 12 HOMMES EN COLÈRE, mais heureusement, Clint Eastwood est assez malin pour éviter de sombrer dans le remake.
En termes de mise en scène, le réalisateur n’a plus rien à prouver et se montre parfois en mode automatique. Au final, l’ensemble paraît assez classique, même si le montage judicieux donne par moments l’impression aux spectateurs de suivre plutôt le procès de notre juré n°2 que celui de l’accusé. De même, le scénario manque un peu de surprises, mais Clint Eastwood montre une fois de plus qu’il sait raconter une histoire, et il parvient finalement à capter notre attention. Il utilise parfaitement les rôles secondaires pour impliquer les spectateurs dans sa réflexion et apporter de la profondeur à son sujet. Il faut dire que le film est servi par un casting des plus convaincants, avec même quelques guest-stars dans des rôles secondaires.
Et donc, si ce devait être son dernier film, cela ne serait peut-être pas un des plus marquants de sa carrière, mais un thriller de bonne facture. Les spectateurs retiendront surtout ce dernier plan du cinéaste, à la fois simple et d’une puissance étourdissante, qui restera sans doute en mémoire.
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