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traversay1
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3,5
Publiée le 5 juillet 2023
Qui se souvient de Jeune cinéma, un festival qui se déroulait à Hyères (et pour une brève période à Toulon) et qui avait pour ambition de révéler les nouveaux cinéastes parmi les plus prometteurs ? Réalisé à partir d'archives et dans l'ordre chronologique par Yves-Marie Mahé, le documentaire ressuscite une période essentielle de la cinéphilie française, de 1965 à 1983, avec ce festival qui a occupé un temps la deuxième place nationale, derrière Cannes, avant de disparaître, vaincu par des querelles intestines, la concurrence de la Quinzaine des réalisateurs et une certaine volonté politique. Dans sa première partie, Jeune cinéma montre de manière truculente des débats très agités où les spectateurs n'hésitaient pas à se manifester bruyamment et vertement, alors que les premiers ou seconds films de Guy Gilles, Philippe Garrel, André Delvaux, Chantal Akerman ou Léos Carax étaient programmés. Malheureusement, ce formidable lieu de rencontres et de polémiques virulentes s'est peu à peu éloigné du public, par un choix de films de plus en plus radicaux et/ou expérimentaux. Bien éloigné des festivals bien plus policés d'aujourd'hui, Jeune cinéma suscite une vraie nostalgie et de francs éclats de rire, avec au menu des extraits de films oubliés et les interviews d'époque de membres des jurys tels que Claude Chabrol, Bernadette Lafont, Michel Piccoli ou Emmanuelle Riva, entre autres.
De 1965 à 1983 un festival du cinéma s’est tenu à Hyères dans le Var. Par rapport à Cannes, plus huppé, plus mainstream, le festival de Hyères a joué la carte de l’anti-conformisme et de la provocation. Pendant son existence, il n’a cessé d’interroger ce que devait être un festival de cinéma, s’il fallait y désigner un jury, y remettre des prix. Deux sections parallèles ont été créées, l’une, dite du « cinéma différent » parrainée par Marguerite Duras, se focalisant sur les formes les plus expérimentales, souvent des courts métrages qui n’avaient pas vocation à être diffusés en salles.
Yves-Marie Mahé a exhumé les souvenirs de ce festival oublié – dont j’avoue ne jamais avoir entendu parler alors que j’ai vécu à cette époque à une encablure et que je me pique de connaître un peu l’histoire du cinéma. Il les ressuscite sous une forme très classique en égrenant, dans l’ordre chronologique, les éditions successives du festival. Certaines séquences sont anthologiques, telle cette interview du jeune Léos Carax – qui les refusa ensuite systématiquement – qui reçut en 1981 le Grand prix du court métrage.
Même si c’était le nom du festival international de Hyères et celui du collectif qui fut à l’initiative de sa création au début des 70ies, "Jeune cinéma" est un titre fallacieux. On pourrait penser qu’il s’agit d’un cinéma destiné à un jeune public. « Nouveau cinéma » aurait été plus parlant et moins ambigu.