Après des débuts prometteurs, bien que très imparfaits, les Boukherma se lancent définitivement dans le grand bain avec "Leurs Enfants après eux". Très honnêtement, je ne suis pas un immense fan de leur cinéma, mais on ressentait quand même beaucoup d'envies et d'idées lorsque l'on se penchait sur leurs productions précédentes. Cela a donc suffi à me faire attendre leur nouveau film, même si la bande-annonce ne me donnait pas spécialement envie. Et malheureusement, cette première impression fut la bonne, car je suis ressorti assez frustré de ma séance, ayant eu la sensation de m'être fait arnaquer face à ce film. Pourtant, que l'on soit clair, je ne pense pas que tout soit à jeter au sein de ce long-métrage. Par exemple, j'ai apprécié la mise en scène et les choix esthétiques du projet, car ils sont plutôt réussis. Même si la replongée dans les années 90 n'est pas si appuyée que cela, l'ambiance réussit à fonctionner, avec beaucoup de belles idées au niveau des couleurs, des lumières ou dans la manière de déplacer la caméra. J'aime notamment la façon dont les deux réalisateurs se servent des plans-séquences, afin de laisser planer une émotion très particulière. Que ce soit un manque de repère, comme quand Anthony s'invite à une fête. Ou bien quelque chose de beaucoup plus complexe, comme quand Patrick regarde son fils à la fête nationale. Dotant plus que si nous devions mettre un point du film en avant, celui-ci serait certainement la qualité de son casting. Dans l'ensemble, ils sont tous excellents, même si ma performance préférée s'avère être celle de l'immense Gilles Lellouche, bien que son talent ne soit plus à prouver. En vérité, il n'y a que Paul Kircher que j'ai trouvé un peu en dessous du reste. Je l'avais apprécié dans "Le Règne animal", mais je trouve qu'il manque d'émotions contrastées ici. Même si les années passent, sa façon de jouer ne bouge pas vraiment, contrairement à d'autres personnages qui nous font bien plus ressentir le fait que le temps est passé. Mais pour en revenir à mon avis global, je dois avouer que je me suis senti en zone d'inconfort face à ce projet, pour plusieurs raisons. La première étant clairement sa ressemblance assez frappante en matière de styles, d'écritures et de thématiques avec "L'Amour Ouf". Pour le coup, je n'accuserai aucun des deux films de venir copier l'autre, ce serait simplement une perte de temps. Cependant, étant donné que Gilles Lellouche devait réaliser ce projet à l'origine (mais qu'il a choisi de se concentrer sur "L'Amour Ouf"), que ce dernier est présent au casting, et enfin, que les deux films se sont quasiment tournés en même temps, on peut difficilement fermer les yeux sur tout cela. Au niveau des thématiques, on retrouve ce mélange entre la violence et l'amour. L'amour est apporté par une romance de jeunesse assez naïve, et la violence par une condition sociale compliquée, via cette représentation des différentes difficultés de la France de province. Par conséquent, même si je n'accuse aucun film de copier l'autre, je dois bien avouer que l'un le fait bien mieux que l'autre. Au sein de ce film, je n'ai jamais réussi à rentrer dans les thématiques proposées. Pour la violence, j'ai vraiment eu la sensation qu'elle était particulièrement diluée et que le film s'efforçait de ne pas aller trop loin. Je prends l'exemple du conflit entre Anthony et Hacine, qui est censé être l'un des points importants du film. Si ceux-ci semblent se détester, je ne comprends pas comment ils peuvent tranquillement se parler une fois que les années sont passées. Même au vu de ce qui se déroule par la suite, ce genre de scènes m'a complètement sorti du long-métrage, car j'avais la sensation d'avoir loupé un épisode. Certes, les années ont passé, mais le montage a vraiment du mal à nous faire ressentir une certaine évolution cohérente. Surtout que le récit semble vraiment en pilotage automatique lorsque la première année se termine, on perd complètement le sens des enjeux. Tout le début du film sert à amener un conflit familial, mais celui-ci semble faire du surplace pendant toute la dernière heure. Hormis le tourment du personnage de Patrick, on va bien plus se concentrer sur la romance qu'autre chose. Mais comme je l'ai dit, celle-ci m'a également déçu, car elle est bien trop clichée pour être prenante. Cela passe par le coup de foudre, qui semble sortir de nulle part, mais également par le fait que l'on ne voit jamais où elle peut aller. Quand le final arrive, on se dit simplement que cela semblait évident. Au vu de la façon dont les choses ont évolué, on ne pouvait pas croire à autre chose, cette romance n'apportant aucune dose de tensions. Certes, c'est probablement pour renforcer l'aspect réaliste de cette histoire d'amour, mais cela ne suffit pas. Si c'était pour voir la romance la plus banale que l'on peut imaginer, entre deux adolescents bien clichés, on aurait pu s'en passer. En bref, je n'ai clairement pas apprécié mon visionnage. Ce fut long, très maladroit, et je suis ressorti de là en ayant eu le sentiment que rien n'avait été accompli. Si quelques belles choses sont à retenir, l'ensemble est bien trop décevant pour être appréciable. Pour conclure, une belle déception.