Le film part avec un double handicap : être l'adaptation d'un excellent roman, riche, dense et puissant, prix Goncourt en 2018, et sortir quelques semaines seulement après L'Amour Ouf, ce qui conduit nécessairement à le comparer au long métrage de Gilles Lellouche qui, en plus, co-produit celui-ci et joue dedans.
Les points communs entre les deux films sont par ailleurs nombreux : mêmes producteurs, une réalisation ultra stylisée s'appuyant sur une multitude de références lorgnant vers le cinéma américain, une histoire d'amour empêchée entre deux jeunes adolescents, un univers qui s'inscrit dans les années 90 et qui joue à fond la carte de la nostalgie, une fascination pour l'ultra violence masculine, souvent gratuite, des rôles féminins assez inconsistants, une bande son saturée de chansons "random" de la décennie, donnant l'impression d'un film "jukebox", qui, à l'instar de son grand frère, semble chercher par tous ces biais à créer un film instantanément culte, de manière un peu trop forcée et ostentatoire.
Néanmoins, Leurs Enfants Après Eux se révèle bien plus profond et réussit ce portrait d'une jeunesse qui, comme le titre l'indique, doit composer avec le poids de l'héritage parental et social. Le pari du lyrisme et du romanesque est tenu et s'il propose de jolies séquences, le film reste toutefois trop long (interminable bal du 14 juillet).
Côté acting, après Le Lycéen et Le Règne Animal, il va bien falloir que Paul Kircher, récompensé pour ce rôle au dernier Festival de Venise, renouvelle sa palette de jeu et sorte de ce personnage d'adolescent Asperger, renfrogné et sauvage. Gilles Lellouche en fait vraiment des tonnes mais Ludivine Sagnier est une bonne surprise.
En résumé, parce qu'il se contente d'effleurer le discours social et politique qui traverse de bout en bout le roman de Nicolas Mathieu, et parce qu'il ne parvient pas suffisamment à faire ressentir ce sentiment d'ennui censé habiter ses personnages, laissés pour compte par la désindustrialisation, cette adaptation n'atteint jamais la puissance émotionnelle recherchée et se contente d'être un bon film, sans plus.
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