L’Union sacrée est un très solide polar à la française, signée d’un réalisateur inégal, mais qui ici trouve suffisamment d’efficacité pour nous rendre son métrage attrayant.
On retrouve un peu les mêmes soucis que d’habitude avec Arcady, mais il les atténue bien. Sans échapper aux baisses de rythme (l’enquête n’étant pas toujours palpitante), sans complètement échapper à l’habituel sous-propos sociétal du réalisateur qui parfois interfère de trop avec l’efficacité de l’enquête, L’Union sacrée reste portée par une histoire qui percute. Il y a de bonnes scènes d’action, des rebondissements suffisamment nombreux pour entretenir l’intérêt, et surtout une excellente dernière partie. Et puis il faut avouer que la résonnance avec l’actualité, aussi longtemps après le tournage du film, lui donne une dimension et un intérêt supérieurs. Franchement, Arcady apporte une gravité certaine à ce métrage, et c’est un bon point. Et puis pas trop de pathos, surtout moins de lourdeurs caricaturales que je ne le craignais, par rapport aux diverses communautés.
Formellement, Arcady parvient à faire fi de ses faiblesses. C’est vrai qu’il aurait pu parfois éviter de toujours mettre l’action au ralenti. Si ce n’est pas vraiment un souci majeur, ça donne l’impression d’un petit manque d’imagination. Reste que les décors sont au niveau, la photographie de qualité, l’action tout à fait convaincante, sanglante et réaliste, et du coup on se retrouve avec un polar luxueux, qui n’a guère vieilli, sauf peut-être dans le look de Bruel. Un bon film carré, qui aurait pu être plus nerveux encore, plus sombre peut-être, mais qui est très propre, avec en plus une bande son qui apporte justement de cette nervosité. Très bon choix pour Goldman.
Le casting est costaud. Richard Berry prouve encore une fois qu’il a du talent, et il s’impose tout de même face à un Bruel très correct mais un peu en retrait, moins imposant, malgré un rôle plus nerveux. Ils forment cependant un duo de grande qualité, complémentaire et évolutif, entourés de seconds rôles de prestige avec Cremer, Brasseur, Amidou aussi, bref, une affiche alléchante et un résultat au niveau. L’écriture des personnages est en effet très appréciable, et comme je le disais, c’est heureux que le film échappe à la caricature facile.
Pour tout dire, L’Union sacrée est donc un polar de belle facture, qui convaincra sans souci son spectateur. Reste une enquête assez empesée (la partie centrale n’est pas la meilleure), qui parfois est assez monotone (la partie avec Amidou m’a paru d’une maitrise fluctuante), mais rien qui soit en mesure de venir sensiblement affaisser l’intérêt de ce Arcady qui figure dans le haut de sa filmo. 4