Quand la Louve rode, ce n’est pas des moutons dont il faut s’inquiéter mais de leur berger. Avec des plans fixes hypnotiques, bercés par les sons d’un hors champ très travaillé, nous guettons, de loin puis de plus près, cette louve en proie à ses désirs.
Dans un beau noir et blanc très contrasté des paysages arides ; ou celui des costumes traditionnels que revêtent les personnages, s’opposent alors le désir à l’amour, la marge à la norme, la passion à la raison.
Non loin de Stromboli de Rossellini, où la rumeur des villageois se faisait entendre par de bruyants “Vergogna”, il y a ici le jugement silencieux et pesant dans le regard des gens du village. Le regard devient plus important que la parole, si bien que le film reste muet. Et c'est à travers cette narration dépouillée, que cette adaptation arrive dans une économie de moyens à parvenir à l’essentiel en l’espace d’une petite heure, et rendre simplement possible le voyage promis, dans ce village sarde du début du vingtième siècle.
Magnifique.