La portée politique du film est donc loin d'être négligeable, l'ambition du projet est d'autant plus forte. Le film reprend donc plusieurs sous-genre, celui du fugitif, celui du pamphlet politico-social, et celui pour qui il est un précurseur, le buddy movie noir-blanc que les années 80 vont popularisés. Le plus intelligent est que le film évite tout manichéïsme avec deux fuyards qui restent coupables (pas le sempiternel "j'ai rien fait"), des policiers non caricaturaux qui font leur job, pas de racistes fous furieux mais plutôt le racisme de société, celui qui est en filigrane, sans "savoir pourquoi", "parce que c'est comme ça"... etc... comme la rencontre avec la femme est en cela marquante, un racisme sans haine mais insidieuse sans compter sur la solitude qui mène à l'égoïsme qui donne de l'épaisseur à son personnage, et surtout cette fin aussi émouvante que judicieuse qui amène à autant d'indulgence pour les uns que pour les autres, car chacun fait son job, chacun assume ses choix, chacun doit payer. C'est cet équilibre constant qui font que ce film est un grand film, qui n'aborde pas que le racisme et qui reste d'une cohérence impressionnante.
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