Adopté à la naissance et tout perturbé de ne pas connaître ses origines, Edward se voit offrir un test ADN dernier cri par sa petite amie. Coup de bol, celui-ci lui permet de découvrir qu'il a un jumeau au fin fond du Portugal. Ni une, ni deux, le couple quitte New York par le premier avion afin de permettre à Edward de renouer le contact avec ce frère inespéré mais aussi avec une mère au comportement plus qu'étrange...
Couronné du Prix du Jury 2024 au Festival de Gerardmer, "Amelia's Children" nous permet de tâter le pouls du cinéma de genre portugais, souvent éclipsé par son bien plus prolifique cousin espagnol en la matière, via une oeuvre qui, à l'instar des origines de son metteur en scène américano-portugais, tente de conjuguer ses spécificités locales aux codes bien reconnaissables de l'épouvante US mainstream avec sans doute la perspective de séduire le plus grand nombre.
Problème, si les éléments aux senteurs européennes (dont quelques soupçons Argento-esques) vont faire le sel de ce deuxième film de Gabriel Abrantes, ils vont être trop disparates pour le sauver d'une influence américaine qui, elle, submerge le long-métrage via son déroulement extrêmement formaté en compagnie de ressorts d'effroi très attendus.
En effet, à chaque fois que "Amelia's Children" se concentre sur son élément central le plus dérangeant (la mère) et prend des allures de farce horrifique sur un registre proche de certaines autres productions ibériques qui cherchent à créer le malaise via un mariage entre l'épouvante et le grotesque, le film offre clairement ses moments les plus savoureux, épris d'une liberté de ton qui tranche du carcan routinier dans lequel il ne cesse de s'enfermer à cause de ses inspirations US. Certes, Gabriel Abrantes n'est pas un manche et quelques apparitions horrifiques plus premier degré en cette catégorie parviennent à faire leur petit effet (merci encore à la maman) mais elles se font trop rares au milieu d'effets de manche éculés et de péripéties terriblement classiques en vue d'amener peu à peu celle qui en devient l'héroïne à lever le voile sur le mythe utilisé derrière ces retrouvailles gémellaires et maternelles. Et puis, d'ailleurs, même si cette légende a le mérite de se prêter plutôt bien à ce contexte pour parler de la peur du temps qui passe et de liens familiaux vampirisants, on en devine bien trop vite les contours avant que le film se montre plus explicite sur eux, hélas sans grand coup de génie ou virage scénaristique notable afin de les faire briller.
Bref, en ne déviant pas assez d'un schéma lambda très balisé et d'ingrédients connus du film d'épouvante populaire contemporain, "Amelia's Children" y perd une partie de ce qui pouvait faire son grain de folie attractif, bien présent quand une formidable Anabela Moreira s'empare de l'écran pour faire son numéro derrière son maquillage repoussant mais dilué dans un ensemble finalement beaucoup trop sage pour lui rendre justice. On en retiendra quelques passages prometteurs de la part de Gabriel Abrantes mais pas grand chose de plus signifiant pour l'instant.