Passionné par l’Antarctique, 6e continent qu’il fréquente depuis 30 ans [8 documentaires dont son 1er long métrage, « La marche de l’empereur » (2005) pour lequel il a obtenu l’Oscar du meilleur documentaire en 2006], Luc Jacquet réalise, non pas un documentaire animalier, ni même géographique (absence totale de cartes et de localisation précise des lieux filmés) mais un film introspectif, commenté par lui-même, sous forme d’une lettre qu’il écrirait à un ami. Le texte, très littéraire, contemplatif, accompagne de superbes images en noir et blanc qui illustrent son voyage depuis le parc national Torres del Paine au Chili [images de condors des Andes (Vultur gryphus)] et la Terre de Feu en Argentine, évoquant le navigateur portugais Magellan (1480-1521) qui découvrit le passage qui porte son nom, et les cap-horniers, les îles Shetland du sud (atteintes au bout de 30 mn de film), constat de la disparition du glacier de Larsen sur la côte orientale de la péninsule Antarctique, traversée, difficile, à travers la banquise dans un navire russe [où il voit, pour1ère fois, un bébé léopard des mers (Hydrurga leptonyx)], évocation des explorateurs du pôle sud dont certains y ont perdu la vie. Cela reste un film froid (sans jeu de mots), austère [accompagnement musical final par la cantate « Nisi Dominus », RV608 (1716) d’Antonio Vivaldi (1678-1741)], un peu long malgré ses 82 mn [heureusement que l’arrivée des manchots papous (Pygoscelis papua), comparés par le réalisateur à des gamins en voyage scolaire, réveille le spectateur un peu assoupi] et manquant d’émotion. Luc Jacquet s’est fait plaisir en retournant en Antarctique (la 1ère fois, il avait 23 ans) et faire ce documentaire [où il retrouve les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) qui ont fait sa réputation cinématographique], ne sachant toujours pas pourquoi il y retourne. Un film testament ?