Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine est une de ces pantalonnades anciennes dans la veine d’un Elle voit des nains partout par exemple. Et on est à peu près dans le même niveau, c’est-à-dire un film plutôt lourdaud, décousu, qui n’a pas une grande consistance.
Le scénario se veut une sorte de satire sociale, avec ce peuple qui va se mettre à soutenir un roi dont il voulait la perte. Mais le souci c’est qu’en dehors de ce concept porteur, Coluche n’a pas grand-chose d’autres pour nourrir son film que ses numéros d’acteurs, et des idées plus ou moins inspirées. L’humour reste répétitif (bon, le chevalier blanc ça va bien deux minutes mais le running-gag devient vit balourd), souvent mal intégré (le combat à l’épée tout mou dans la bataille), et finalement ça ne décolle jamais de la pochade facile, de la farce minimaliste. On rigole parfois, bien sûr, mais sur le fond ça tient de la succession de sketchs, et on se demande vraiment si on avait besoin d’1 heure 40 de film environ pour ça. L’histoire, délaissée, finit par devenir secondaire, et c’est heureux qu’on nous rappelle à la fin ce que le film voulait dire, car on s’en rendrait presque pas compte !
Le casting est reluisant, certes, puisqu’on est dans un de ces films choraux, avec galerie de vedettes anciennes ou en devenir jusque dans les petits rôles. Coluche a su réunir du beau monde, mais il ne maitrise pas vraiment sa direction d’acteur. Chacun arrive, fait son numéro, et en général disparait pour ne plus réapparaitre, quelques personnages de premier plan, dont Coluche lui-même, mais aussi ce fameux chevalier blanc campé par Gérard Lanvin, faisant le liant. En clair, comme souvent lorsqu’il y a autant d’acteurs intéressants certains sont juste là pour faire de la figuration, et les personnages sont forcément caricaturaux et forcé, car il faut qu’il percute vite vu qu’ils vont disparaitre vite aussi ! Je n’ai cependant pas noté d’acteurs se démarquant nettement. Lanvin est clairement celui qui retiendra le plus l’attention, malgré un rôle ingrat, il faut être franc. Bref, ça ne retient pas l’attention, même si chacun semble s’amuser, notamment Jugnot, comme souvent très investi et n’hésitant pas à casser son image avec des rôles peu séduisants !
Visuellement Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine est un film historique moyen. Quelques beaux décors, une reconstitution moyenne mais acceptable pour une comédie, et parfois d’assez bonne facture, mais dans l’ensemble c’est moyen. La mise en scène de Coluche n’a pas beaucoup d’ambition, et n’amène pas très bien les gags. Ça fait théâtral, et même si c’est peut-être voulu, l’effet n’est pas spécialement notable. Quant à la bande son elle reste plutôt pas mal, c’est un bon point. Avec ce thème, amusant les deux premières fois et puis qui après est utilisé de trop, du chevalier blanc.
En conclusion, Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine est une comédie dispensable, une de ces farces en costume à l’humour redondant, balourd, mais surtout proche de l’accumulation gagesque sans consistance réelle. Comme souvent il y a quelques moments drôles de ci de là, mais ça s’oublie bien vite, faute de vrais personnages et d’un propos plus assumé. 2