Aussi étrange puisse-t-il être, Walker est une œuvre somme toute singulière. Méconnue de la plupart du public actuel, ce film mélange non sans folie les genres, époques et situations. Bien que la trame principale se situe à la fin du XIXème siècle et mette en scène l'installation de William Walker et de ses sbires au Nicaragua, dans le but de civiliser et de démocratiser cette région "sauvage", le tout sous la houlette d'une puissante firme américaine. Une scénario relativement palpitant mais surtout complétement incohérent et délirant. Le film déroute en tout points et efface nos repères en introduisant par exemple divers éléments anachroniques. Cigarettes, voitures et distributeurs côtoient les peuples de cette fin de XIXème siècle, à notre plus grande stupeur! Le film sillonne donc sans cesse dans un esprit de folie. La majeur partie des scènes sont exagérées, invraisemblables et même si le tout semble parfaitement voulu, on à bien du mal à accrocher à ce trip. Alex Cox, réalisateur anecdotique et créateur de ce film hybride et bâtard opte pour une satire sociale, car Walker masque en fait une virulente critique de la société américaine. Ainsi la suprématie des multinationales, les deals douteux de politiciens véreux ou la soif de violence du peuple américain, tout y passe. C'est bien la l’intérêt et la réussite principale que composent ce "film d'aventure". Certes, la mise en scène est relativement inspirée, la caméra et ses constants gros plans sont réussis, même si le tout reste finalement assez anecdotique. Le manque de moyens et les nombreuses approximations suffisent hélas à zapper notre majeure motivation. Reste un casting discutable, composé je pense de nombreux amateurs. Cela se fait incontestablement ressentir, procurant presque au film une dimension comique. Heureusement que Ed Harris est très convaincant dans le rôle de William Walker, un patriote loyal et bon qui va peu à peu sombrer dans une violente et incontrôlable folie. Cette progression est le pilier central de ce scénario, s'articulant autour de la métamorphose morale de ce qui deviendra un parfait anti-héro et salaud, complétement possédé par la rancœur, la haine et les chagrins sentimentaux. A noter cependant que les passages sentimentaux et la tournure dramatique du film est malheureusement mal agencée. De façon général, Walker à vraiment du potentiel et des idées ardemment explicitées; cependant ses très nombreux "à-peu près", son manque de finition et de souffle épique l’empêchent d’émerger réellement et de se faire vraiment remarquer. Un film qui ne casse donc pas trois pattes à un canard. Relativement médiocre, relativement captivant bien que possédant sa propre identité, Walker est une folie cinématographique en demi teinte, à explorer cependant, car très singulier et dénonciateur.