Au nom de notre planète
Edouard Bergeon s’est rendu célèbre – et à juste titre – avec, en 2019, Au nom de la terre. Ces nouvelles 124 minutes déplace son combat vers les terres indonésiennes, même si, sur le fond, il reste inchangé… la lutte pour la sauvegarde de la planète et de sa biodiversité. Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels. Un film qui nous en apprend beaucoup sur un des défis majeurs de notre Terre, mais dont la conclusion, loin d’être satisfaisante, s’avère parfaitement angoissante.
Dans la lignée des magnifiques Erin Brockovich, seule contre tous ou Dark Waters, Bergeon a construit un scénario original très habile – bien qu’un peu trop démonstratif à mon goût -, qui mêle la problématique écologique de la destruction programmée de la forêt primaire – un des poumons de notre planète et un rempart contre le réchauffement climatique -, et les arrestations arbitraires de ressortissants étrangers – soit disant trafiquants de drogue -, et le chantage politique et financier qui s’ensuit entre l’Indonésie et d’autres nations. Un thriller écologique en quelque sorte, ce qui n’est pas banal. La tension est extrême, les coups de théâtre nombreux et souvent inattendus, mais il en ressort que notre monde est surtout pollué par les appétits jamais assouvis des multinationales de tous poils. Bergeon fait partie avec pas mal d’autres de ceux qui ne se contentent pas de s’émouvoir d’une telle situation, tout en s’arrêtant au niveau du constat, mais qui luttent avec leurs petits moyens – le cinéma en fait partie – et éclairent nos esprits sur la situation cruciale qui est celle de l’humanité en ce XXIème siècle. Le réquisitoire est édifiant et révoltant…
Alexandra Lamy tient là un de ses tout meilleurs rôles et forme avec Félix Moati, un couple mère/fils très convaincant. Evidemment, beaucoup de leurs scènes relèvent du pathos un peu appuyé, mais, pouvait-il en être autrement ? Mais, le reste du casting, avec Sofian Khammes, Julie Chen, Antoine Bertrand, Philippe Torreton, Stéphane Pézerat,est également épatant. Un film-dossier dans ce qu’il a de meilleur en dénonçant pêle-mêle, la déforestation massive, l’agrobusiness, le lobbying le plus sournois et le mensonge de ce qui nous est présentée comme la « promesse verte », qui s’avère largement maculée de sang. Ambitieux, utile et réussi.