Pas spécialement engageant ce titre…mais il est vrai « Qu’à nous les petites anglaises » avait déjà été pris par Michel Lang à la fin des années 70…Le film de Molly Manning Walker dont c’est le premier …en tant que réalisatrice, a été récompensé au dernier festival de Cannes dans la catégorie « Un certain regard » censé mettre en perspective un cinéma plus original et audacieux que celui de la sélection officielle, et récompense des cinéastes encore inconnus ou peu connus.
Le thème n’a rien d’original… Pour célébrer la fin des cours et sans même connaitre leurs résultats à l’examen de fin d’année, trois lycéennes anglaises plutôt délurées, partent une semaine en Crète. Des premières vacances entre copines où l’on rêve de cuites stratosphériques, de danse jusqu’au bout de la nuit et surtout d’enchaîner les partenaires. La vie est bien faite car de jeunes Anglais qui partagent l’appartement d’à côté sont là pour les mêmes raisons…. On laisse les cerveaux au vestiaire, on se sape en fluo moulant, on s’éclate et on branche les garçons les plus proches et de même nationalité, c’est plus facile. Ces « petites filles modernes » s’envisagent naturellement comme devant plaire, échapper à la malédiction de la virginité, moyennant l’affichage plus cool et contemporain d’une sexualité libérée quitte à se laisser imposer tout, forcer à n’importe quoi…On sent que la jeune réalisatrice a puisé dans ses souvenirs personnels… Un volet que Tara a bien l’intention de satisfaire : elle tient absolument à perdre sa virginité avant de retourner en Grande-Bretagne. Avec quel genre d’homme, dans quelles conditions, elle n’y a pas vraiment réfléchi, il faut juste qu’elle « le fasse ». Est-ce par rapport à ses copines ? Est-ce du fait de la pression sociale liée au sexe qui s’exerce sur les adolescents(e)s ? Un peu des deux, sans doute ! Toujours est-il qu’elle va « le faire », mais dans des conditions qu’on pourra qualifier de sordides et qui seront loin de la satisfaire…avec de plus un garçon qui n’était celui auquel elle faisait les yeux doux…On s’approche de la fameuse zone grise du non consentement, un faux consentement où s’abime une jeune fille plutôt immature, très alcoolisée ce soir-là…pendant ce temps pour les copines, la fête n’a jamais cessée et elles sont toutes à interroger Tara « comment c’était, c’était pas super ?? » ??
J’avoue que cette ambiance de fiesta H24, d’alcoolisation permanente, de musique assourdissante, d’animateurs foireux…qui occupe les trois quarts d’un film heureusement assez court, m’a profondément agacé… Reste à savoir l’effet qu’il aura sur son cœur de cible, les adolescents et, plus précisément, les adolescentes…. Et si le message de la réalisatrice visant à dissuader les jeunes filles de suivre le modèle de Tara pour débuter dans la sexualité partagée sera passé…mais cela ne fait pas de « How to Have Sex » un film permettant d’éclairer avec justesse de jeunes spectateurs sur ce qu’est le consentement, sur ce qu’est le viol. En tout cas, ce film a plu au jury de la sélection d' Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes puisqu’il lui a attribué son Prix ! Plus qu’à moi !!!